Ce film est un hommage. Il y a cent ans, en Turquie, se déroulait celui qui allait être l'événement le plus marquant et traumatisant dans l'histoire moderne de l'Australie. Pas étonnant, en somme, que Russel Crowe décide de rendre cet hommage maintenant.


L'histoire qu'il raconte est celle d'un Australien. Celui-ci, comme tant d'autres, a été contraint de voir ses enfants partir pour se battre aux côtés des alliés, à l'autre bout de la planète. Gallipoli, c'est une bataille dont le sens est obscur, et un lieu que peu d'australiens comme lui pourraient placer sur une carte. Pourtant, c'est dans cette péninsule que les ANZAC (Australia and New Zealand Army Corps ; les soldats australiens et néo-zélandais) se battront, comme dit dans le film, pour un principe. En somme, Russel Crowe souligne un sentiment qui est probablement récurrent en Australie aujourd'hui : la perplexité par rapport à cette bataille, qui fut une boucherie. Pour rien.


Cet Australien, quatre ans après la fin de la bataille, évidemment toujours aussi traumatisé, ou plutôt encore plus, part à la recherche de ses trois fils, des ANZAC qui ne sont jamais rentrés de Gallipoli. Il s'envole donc pour la Turquie, sans savoir où aller, ni à qui s'adresser. Commencent évidemment les soucis, car on ne laisse pas n'importe qui se rendre sur ce champ de bataille qui est devenu une énorme tombe, ou un site de fouilles dans le but de trouver et d'identifier les cadavres, turcs ou australiens (ceux-ci travaillant désormais ensemble à cette recherche). Et puis la Turquie, ou plus précisément l'empire Ottoman qui se remet de la première guerre mondiale (bon, la vérité est qu'il ne s'en remettra jamais) est un monde bien différent de celui d'où cet homme vient. Et il lui suffira d'une rencontre pour s'en rendre compte. Une rencontre gênante qui, au long du film, s'avérera ne pas l'être : il s'agit d'un garçon dont la mère tient un hôtel (un très bel hôtel), et n'est, elle, pas si différente de lui. Il découvrira que si tout semblait les séparer, ils sont liés par la tragédie de cet événement. C'est ainsi que Russel Crowe souligne le fait que Gallipoli est un souvenir traumatisant tant pour les Australiens que pour les Turcs d'aujourd'hui.


Pour ce qui est de la suite du film, l'Australien fera d'autres rencontres, qui le feront avancer dans sa quête, poussé par une sorte de sixième sens (qui chez lui l'aidait à trouver de l'eau, et en Turquie l'aide à trouver la trace de ses fils ; un élément surréaliste qui me laisse un peu perplexe). Dans le même temps, il verra évoluer sa relation avec le premier turc qu'il avait rencontré, il découvrira les charmes de la culture turque et puis tombera amoureux.


Aboutissement de sa quête, après déceptions, malheur, espoir et bonnes surprises, ce film touchant se termine de façon touchante. Ce n'est pas un spectacle dantesque, ce n'est pas une tragédie (grecque) mais un hommage, et un voyage. Et c'est sous cet angle qu'il doit être regardé, car c'est un très bel hommage, et un très beau voyage.

MarcoBernardo
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le 30 juil. 2015

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Marco Bernardo

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