Dans les détails, LPFJVLC n'est pas forcément très subtil. La frustration de son incapacité à séduire les femmes est redondante (le film cherche à en saisir chaque aspect, en variant la mise en scène et les détails, parfois en frôlant la digression avec l'évocation des homosexuels), le film abandonne parfois le portrait psy pour donner dans le suspense (la battue), dans la digression inutile (le vieillard seul, vengeance d'un Barracuda?) et l'absence de conclusion, qui n'aide pas à y voir plus clair. Et pourtant, le film a le don de suggérer un contexte riche, notamment dans la façon qu'a Franck de s'investir dans sa propre enquête, cherchant également à se comprendre, au milieu de la foule, au dessus de tout soupçons. La sauvagerie des meurtres, la variation des effets de styles dans la mise en scène, tous les éléments qui font le classique portrait du psychopathes sont soignés, laissant le véritable atout du film délivrer sa performance : Guillaume Canet. Pour un tel rôle, Laurent Lucas aurait été tout désigné (mais il y aurait eu moins de mérite, il est habitué à s'habiller d'étoffes torturées). Mais le souriant Guillaume, tirant continuellement une gueule d'enterrement et campant son rôle avec un naturel bluffant, délivre peut être la performance de l'année. Parfaitement investi dans son rôle, escorté par quelques effets spéciaux insidieux dans les mauvais traitements qu'il s'inflige, il imprègne le film de sa présence glaciale, captant à chaque instant l'attention. Ses ressentis de frustration masculine, d'angoisse existentielle et de désir de s'affirmer sont naturelles, plus exposées que vraiment analysées. D'ailleurs, seul son ressenti compte vraiment, et cette tendance à petit à petit voir la boucle se resserrer autour de lui en la regardant avec passivité, en tentant néanmoins de poursuivre son existence (avec sa femme de ménage). Le film est efficace, le style concis, l'équilibre fonctionnel. On frôle les scènes marquantes, sans pour autant se lâcher à fond dans le glauque. Mais le film avance, avec cette efficacité qui ne trompe pas, à quelques lourdeurs de style près (l'expérimentation sur les insectes, étrange). Un travail très honorable, qui arpente les chemins du psychokiller avec une touche française bienvenue, tout à fait à la hauteur des attentes.
Voracinéphile
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le 25 nov. 2014

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