La Princesse
4.6
La Princesse

Film de Le-Van Kiet (2022)

Et la douce princesse se réveilla... pour casser des gueules !

Il y a quelques jours, ayant visionné une bande annonce qui m'a beaucoup plu et surtout intrigué, je fais mes recherches et regarde donc ledit film, qui ce trouve être La Princesse enchantée. Que cela ne tienne, je réitère les recherches, un peu plus concentré, pour finir par regarder le véritable film dévoilé lors de la bande annonce : La Princesse, réalisé par Le-Van Kiet et sorti en 2022 et dont la principale différence avec l'autre film de princesse se trouve être... bon, le budget - très clairement, l'histoire, les enjeux... Bon, en fait, absolument tout, mais surtout la classification que je me borne à faire : si La Princesse enchantée avait cette ambiance merveilleuse, tirée des contes populaires, avec une présence de magie, La Princesse, si le film puise également son inspiration dans les contes populaires, se trouve être plus un film médiéval qu'entrant dans une des catégories de la SFFF ; comme quoi, ça ne fait pas de mal de s'écarter de tant en tant de la Fantasy (mais promis, la prochaine fois, on remet les pieds dedans !). Alors, qu'est-ce que ce film a à donner d'intéressant et pourquoi m'a-t-il intrigué à ce point ? Et bien on va voir ça !


La princesse d'un tranquille royaume se réveille dans la plus haute tour de son château alors que ce dernier est assiégé par un roi rival. Afin de comprendre la situation, elle se lance dans la descente de la fortification, mais les envahisseurs semblent ne pas vouloir la laisser en paix.

Pas plus de spoil, comme à mon habitude.


Et c'est vrai que l'on frappe d'entrée de jeu assez fort avec une caméra qui nous rapproche d'un énorme et haut donjon pour finir dans la chambre d'une princesse endormie dans un lit, toute bien habillée, maquillée... De ce fait, dès les premières minutes du film, le titre, le lieu, la situation... Tout nous laisse à croire que nous allons regarder une énième production mettant en scène une frêle princesse devant être sauvée par un illustre chevalier servant et... elle a des menottes ? Donc, c'est une énième production mettant en scène une frêle princesse devant être sauvée par un illustre chevalier servant, mais version BDSM ? Et c'est typiquement ce que j'ai apprécié dans ce film, nous entrons dans l'intrigue avec notre héroïne : on ne sait pas ce qu'il s'est passé et ce qu'il se passe car pour elle, c'est le vide absolu et elle va devoir comprendre tout ce bazar. Ainsi, nous sommes, spectateurs, véritablement immerger dans l'action et l'intrigue, d'autant que, en parlant d'action, nous y venons de suite, car à peine réveillée, la princesse se retrouve nez-à-nez avec des assiégeants qu'elle décide... de marave bien comme il faut. Et la mise en scène de début de film, avec nos a-priori vis-à-vis d'un divertissement de la sorte, vole en éclat et mon dieu que c'est bon ! C'est alors parti pour une descente de donjon, entre passages dérobés pour éviter les assaillants pillant la forteresse ou, quand ce n'est pas possible, du rentre dedans violent et divertissant car, bien évidemment, la princesse n'est pas de celle qui se laisse faire : nous avons à l'écran cette fameuse image de la princesse indépendante qui désire vivre sa vie en ressortant des normes sociétales imposées par son père. Une descente de donjon donc qui laisse de nombreuses blessures, jusqu'à ce que la princesse découvre l'origine de cette attaque : un roi rival blessé par le refus de cette dernière quant à sa demande d’épousailles ; élément que l'on découvre au fur et à mesure du film par l'intermédiaire de flashback. Et là, je ne suis pas d'accord. Alors certes, quel autre moyen aurait-on pu utiliser ? Sur le coup, je ne saurais le dire : faire une discussion entre personnages, monologue de la princesse, lecture de documents relatant lesdits événements... mais je dois avouer - de manière strictement personnelle - que je n'ai pas été emballé par l'aspect flashback, d'autant qu'il est employé de nombreuses fois pour remettre les pendules à l'heure, et je trouve que cela casse l'immersion créée pour le spectateur ainsi que le rythme haletant proposé. Outre ce détail, il faut également avouer qu'après la première moitié du film (une production d'une heure et demie ; ce qui n'est généralement pas forcément bon signe concernant la qualité de la création), la seconde moitié s'essouffle rapidement d'un point de vue de l'intrigue (car pour l'action, il n'y a aucun problème), déjà qu'elle n'est pas forcément folichonne quand on l'analyse de manière globale mais là... On va dire que la manière de réfléchir de l'antagoniste laisse à désirer, amenant des décisions qui nous font hausser les sourcils, notamment concernant ce qu'il est venu chercher. Malgré cela, l'histoire demeure divertissante bien que certains points soient "déjà-vu", mais on va y revenir avec les prochains paragraphes.


A commencer par celui des personnages et acteurs. Pour les acteurs, dans l'ensemble, ce sont des têtes connues qui se débrouillent parfaitement dans leur rôle. Joey King (que l'on retrouve dans Bullet Train (j'adore ce film ! )) dans le rôle de la princesse, Veronica Ngo (que l'on peut voir dans Bright) dans le rôle de la mentor martiale, Dominic Cooper (le roi dans Warcraft : Le Commencement) dans le rôle du roi rival... tous jouent leur rôle. Et si du côté des acteurs, ça va, du côté des personnages, on peut dire des choses, à commencer bien évidemment par la princesse héroïque. Des figures féminines royales fortes, on en a déjà vu : s'opposer à l'autorité parentale, vouloir briser les codes sociétales, vivre comme bon leur semble sans avoir à subir les demandes patriarcales... ça fait déjà quelques temps que l'on peut voir ce type de figure à l'écran. Autant dire que dans ce film... bah c'est sans plus. On reconnaît bien cette figure forte, qui apporte du neuf dans un univers étriqué vis-à-vis des caractères de certains rôles/personnages mais je dois dire que si le film désire véritablement véhiculer un message d'émancipation, il est mal amené - le dénouement de l'histoire, bien que satisfaisant, n'est pas forcément à la hauteur de l'action proposée tout le long du film ; ce qui ressort surtout étant le décalage entre ce qu'on attend du princesse et ce qu'il en est réellement. Et un autre point pas forcément génialissime, mais outre les trois noms précédents évoqués, il est vrai que concernant les personnages montrés à l'écran, on reste un peu en petit comité. Alors attention, une bonne partie des acteurs jouent très bien, ce n'est pas la question mais il est vrai que la quantité de personnages véritablement impactant est drastiquement faible : on a la princesse, c'est normal, c'est l'héroïne du film, on a bien la mentor qui apporte un peu de substance à l'évolution de l'héroïne mais qui, comme l'antagoniste d'ailleurs, est laissée pas mal en retrait. Et il faut multiplier cet effet de retrait pour tous les autres personnages secondaires. Ce qui fait que l'on se balade véritablement avec la princesse tout le long du film. En soi, ce n'est pas une mauvaise chose en soi car elle n'est pas entièrement mal dépeinte (mis à part cette force de caractère qui se révèle un peu brouillon lorsque l'on veut faire passer un message d'émancipation) mais une fois qu'elle est avec d'autres personnages, plus secondaires qu'elle et, de ce fait, moins travaillés, cela se ressent un petit peu que l'on est pas sur le même traitement de faveur... Donc, on se retrouve avec des personnages pas forcément mis sur le devant de la scène mais avec une héroïne qui est plutôt bien présentée, tant que l'on n'explique pas trop dans le détail son "deep lore".


Pour la qualité graphique, il n'y a rien à dire d'extraordinaire : c'est de bonne qualité sans forcément être innovant. On demeure sur du basique, mais de qualité bien que certains plans soient assez moyens, notamment les plans larges sur les paysages ou les monuments mais autrement, rien ne choque forcément.


Pour les combats, là, il faut que je mette les choses au point ! Alors, attention, ce n'est pas une mauvaise critique que je m'apprête à formuler, bien au contraire ! Nous avons un véritable sang neuf, si je puis me permettre l'expression. A y réfléchir, il est vrai que j'ai beaucoup de mal à trouver, parmi toutes la production cinématographique de Fantasy, des exemples probants de figures héroïques/principales qui s'en prennent plein la figure, mais en direct et de manière assez violente. Si je repense à Aragorn, il n'est jamais vraiment en mauvaise posture physique. Pour Legolas, à part un saignement de nez (et encore !) dans la trilogie du Hobbit, il n'y a pas grand chose à relever. Eragon s'en sort pas trop mal, pareil pour Conan, pour les enfants Pevensie... Il faut, à la limite, prendre des occurrences dans les animés (à l'image de Guts ou Bell Cranel) pour voir réellement du poutrage de tête sale et saignant. C'est ce qui m'a fait apprécier ce film : la princesse n'est pas intouchable et elle en prend réellement pour son grade en écopant de blessures, de coups violents... et surtout, en faiblissant ! Il est assez rare de trouver un film d'action où le héros, après quelques échanges de coups, se retrouve affaibli soit par fatigue, soit à cause des multiples blessures reçues. On apporte un réaliste guerrier qui manque cruellement à ce genre de divertissement et je suis bien d'accord pour dire qu'un Aragorn borné au réalisme des combats serait d'un chiant indescriptible mais force est de constater que le rendu en jette tout de même ! De ce fait, de bonnes chorégraphies, des affrontements bien pensés et diversifiés et une héroïne bien aussi intouchable que ça sont de mise, et c'est fou à quel point ça fait du bien !


Concernant les musiques, je dois avouer ne pas avoir fait plus attention à ce point. Alors soit cela ne m'a pas emballé plus que ça, soit l'action a pris le pas sur cet aspect et dans tous les cas... c'est pas forcément ouf...


La Princesse est un film qui nous offre d'entrée de jeu une belle claque en nous promettant une vision nouvelle de la figure de la princesse. Certes, comme dit précédemment, les princesses fortes, on en a déjà vu, ne serait-ce qu'avec le personnage Disney de Rebelle (du film d'animation éponyme) qui, je trouve, rejoint en de nombreux points la princesse de Le-Van Kiet. Malheureusement, cette dernière n'apporte pas forcément grand chose aux discours d'émancipation patriarcale, se contentant maladroitement d'offrir un message bancal en guise de conclusion, mais force est de constater que la destruction des a priori est là, et c'est véritablement ce qui nous fait rester devant l'écran. On déconstruit l'image de la princesse patientant au sommet de sa tour son prince charmant en la faisant descendre d'elle-même casser de l'envahisseur et franchement, rien que pour ça, je recommande ! Ce film n'est pas un chef d’œuvre mais il demeure un divertissement plus qu'efficace.

Et n'oubliez pas que la Fantasy nous appartient !

PhenixduXib
7
Écrit par

Créée

le 5 mars 2023

Critique lue 28 fois

PhenixduXib

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