D'un sujet âpre, Cédric Kahn construit un film plein de lumière.
Porté par la performance terrassante de justesse d'Anthony Bajon, d'une puissance de jeu, physique, et d'une douceur, d'une beauté qui crèvent l'écran, ce portrait d'un toxicomane isolé dans une communauté catholique perdue dans les montagnes iséroises traite un sujet complexe sans jamais sombrer ni dans les facilités ni dans le jugement ou le parti pris (grâce à un réalisateur longuement documenté sur le sujet).
En taisant tout ou presque du passé de son héros (l'ouverture du film est en cela bien mystérieuse), le film ne s'écarte jamais de son sujet ; ainsi, sans verser dans le mysticisme ni s'enfoncer dans la noirceur pessimiste, il propose même une très belle ouverture finale, qui nous fait finalement comprendre que son propos n'est pas la foi mais bien, lorsque tout semble perdu, l'espoir d'une recréation toujours possible d'un lien entre soi, le monde et les autres.
On regrettera parfois une temporalité en ellipses qui rend difficile la pleine compréhension de l'élan chrétien qui envahit petit à petit le personnage et qu'on ne saisit que par étapes brusques.