Mais au final vous n'aurez aucun mérite, il est déjà sous amphètes.

Le grand point fort et l'énorme inconvénient de ce film est sa qualité de préquelle d'un grand classique. C'est-à-dire que lorsque les lumières s'éteignent dans la salle, on sait d'avance où le réalisateur doit nous emmener, et l'intérêt réside alors dans le voyage plutôt que dans la destination. Seulement, il s'agit de ne pas se perdre en chemin, et de ce point de vue c'est à mon avis une vautre digne d'un singe de synthèse du bêtisier manquant sa branche à 200 mètres de haut.

Les bons points du film résident à mon sens dans son esthétique, certaines scènes étant particulièrement touchantes et réussies par leur capacité d'évocation. Les singes progressant aux cimes des arbres et faisant tomber une pluie de feuille, l'arrivée du chef de projet dans l'atrium bourré de primates... La réalisation peut être subtile quand elle ne décide pas de suivre "caméra à l'épaule" un chimpanzé faisant le con dans toute la maison.

Les choses se corsent lorsqu'on s'intéresse à l'histoire elle-même. (Attention spoilers)
Là où je m'étais personnellement déplacé pour voir comment ces petits salopards poilus allaient conquérir le monde, je me suis retrouvé à regarder le remake simiesque de Sauvez Willy. D'abord on intègre le chimpanzé à la famille histoire de le rendre sympa, puis on le fait arrêter et enfermer avec des méchants singes, donc on veut le voir libéré. Et puis il se libère tout seul, le petit coquin. Et... Voilà. c'est tout. Comment ? La façon dont les singes prennent le pouvoir ? Oh ça, ma bonne dame, on s'en fout un peu au fond, regardez comme ils sont beaux en haut de leurs séquoïas sur fond de soleil couchant. Quoi ? Oh mais vous faites chier, bon ben le gars contaminé en contamine un autre et cet autre est pilote de l'air et il le diffuse partout dans le monde comme la grippe A, et pis voilà. Les gens meurent, et on vous le fait très bien deviner pendant les 20 secondes de la fin. Mais si ça suffit, non mais regardez le singe, il a pas l'air à la fois brut et digne sur son arbre ce con ? Ça vous fait pas chaud au cœur de vous dire que c'est un bon gars comme ça qui sera Président de la république des singes ?

Car voilà l'autre souci majeur de ce film : vouloir à tout prix faire passer les singes pour des gentils irréprochables. Dans son désir d'être manichéen, on oscille entre le peu vraisemblable et le grotesque. Comme dans tout film carcéral comportant un maton sadique, l'un des climax de l'évasion est la punition de l'infâme salaud. Ici, on va le faire crever, mais par accident, car il est bien connu que si les hommes sont des barbares qui n'auraient pas hésité à pendre le-dit maton par les roustons, les singes sont des gens civilisés et qu'ils vont se contenter de lui foutre un peu d'eau dans la gueule.
La palme du n'importe quoi revient tout de même au personnage du cobaye du virus 113. Alors celui-là, impossible de lui faire une gueule plus méchante et vicelarde sans lui ajouter un tatouage "Je nique vos mères" sur le front. Las, son image de vil fils de pute borgne ne servira qu'à lui faire faire basculer l'hélicoptère dans la flotte sans que l'image du Singe n'en soit entachée, parce que regardez-le, il a quand même vraiment une tête à violer des bébés pandas non ? Il est pas comme les autres, les autres ils sont gentils, regardez comme ils sont beaux dans leurs branches, non mais regardez haha.

Bref. TL;DR : Au lieu d'un affrontement entre des singes intelligents et des hommes incrédules, on se retrouve avec des singes faisant les cons dans les arbres et des hommes qui étouffent dans leur sang, comme le laisse subtilement entendre le générique de fin. Si encore l'intrigue et la relation Caesar-Ducon-qui-teste-des-produits-sur-son-propre-père était riche, on pourrait en tirer quelque chose mais non, on a seulement le droit à tous les clichés les plus éculés du genre.

Ah, oui, le pompom tout de même, c'est quand même qu'avec ces centaines de primates se balançant joyeusement dans tous les coins sous tous les angles, on verra pas une seule fois leur bite. Chapeau les gars, fallait oser.
Soupir
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le 10 août 2011

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Soupir

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