Une saga qui ne fait pas encore la grimace

Wes Ball est en charge de ce quatrième opus après les entrées de Rupert Wyatt et Matt Reeves. Il s'en sort avec les honneurs et en reconduit une partie des qualités les plus évidentes : un sens racé des lieux et des atmosphères tangibles, incarnés ; un rythme et un montage qui prennent leur temps sans jamais tomber dans l'apathie ; et évidemment un rendu photoréaliste qui pousse ici les curseurs au maximum et débouche (encore) sur de nouveaux standards.

Là où le métrage se révèle légèrement inférieur à ses aînés, c'est dans sa difficulté à trouver ses propres voies narratives et thématiques. Prenant place plusieurs générations après la mort du personnage canonique de César, Ball y consacre une introduction trop longue (bien que jamais désagréable, eu égard à un didactisme avant tout visuel) à son héritier symbolique.

Il creuse en conséquence un déséquilibre dommageable pour les interrogations essentielles sur la civilisation et les rapports homme/singe dans ce contexte inédit au sein du reboot, qui sont pour ainsi dire traitées par-dessus la jambe faute de temps et ne trouveront traitement satisfaisant que dans une éventuelle suite.

Si Le Nouveau Royaume jure à nouveau avec le tout venant du blockbuster actuel en vertu de ses mérites suscités, il tombe cependant dans d'autres de ses travers et principalement celui de présenter un film entier comme un gigantesque teaser. Un écueil qui n'empêchera pourtant pas de passer un excellent moment devant ce divertissement plus qu'honnête, fignolé avec un amour consommé de l'artisanat.