Huis clos de la perversité du meurtre et de la sexualité assassine, L’Enfer dans la peau ou originellement La Nuit la plus longue, l’enfer dans la peau, tue ses personnages enfermés dans leur solitude et leurs mensonges. L'horloge tourne, aucun signe de la rançon pour une jeune femme enlevée dès la séquence d’ouverture en temps réel et séquestrée aussitôt dans une humble demeure retirée à la campagne.


Qualifié de film français “intello-érotique”, le cinéaste José Bénazéraf nous emmène vers ses fantasmes érotiques naissants à l’écran, dans une période cinématographique en mouvement portée par la Nouvelle-Vague. Son petit frère Le Concerto de la peur en 1963, use du même stratagème dans son intrigue et dans son processus créatif à jouer sur les deux tableaux. La sexualité et la violence émane de ses personnages aussi bien dans une composition structurée de ses plans ou dans l’urgence d’un semblant amateur, laissant place à l’inattendu de briser les codes de mise en scène.


L’arme fatale Chet Baker et sa musicalité du jazz, commun aux deux films, affole et séduit inévitablement. Le voyeurisme malsain, sensuel et désarmant d’un instant dans la nature, entre un des ravisseurs et sa victime, accable et surprend dans L’Enfer dans la peau, de même qu’une étreinte sauvage inexpliquée à la nuit tombée sur l’herbe déstabilise dans Le Concerto de la peur.


Son jumelage s'approfondit dans leur fin tragique d’un amour impossible. Dans La Nuit la plus longue des dernières minutes, se fond le jeune ravisseur principal Pierre (Alain Tissier). Héros, amant interdit de sa victime et âme déchue de sa trahison envers les siens, il marche tout droit vers sa perte. Éclairé plein phares, le jeune homme sous ses faux-airs de Jacques Charrier, se sait tragiquement voué à l'échec. Le corps penché vers nous lourdement et tête baissée, l'image se fige et se durcit. La pluie tombe. La musique symphonique extradiégétique et les cartons de fin envahissent l'écran et nos sens.


L'Enfer dans la peau est une pépite inconnue du cinéma français des années 1960. Un film d'auteur influencé par la Nouvelle-Vague toutefois autonome par son érotisme établi à contre-courant, qui se niche dans la filmographie doublement perverse au fil des ans, d'un réalisateur tout aussi inconnu...

Pauline-Sapis
7
Écrit par

Créée

le 1 févr. 2021

Critique lue 211 fois

7 j'aime

1 commentaire

Pauline S.

Écrit par

Critique lue 211 fois

7
1

Du même critique

Showgirls
Pauline-Sapis
7

Show me your girls !

Une flamboyante jeune femme répondant au nom de Nomi Malone débarque sur les routes en destination de Las Vegas dans l'espoir de faire carrière en tant que danseuse. Au cours de son aventure, elle...

le 28 nov. 2016

42 j'aime

13

Dans ses yeux
Pauline-Sapis
9

Un film argentin égale les plus grands polars

En 1974 à Buenos Aires, Benjamin Esposito, agent fédéral, enquête sur le meurtre violent d'une jeune femme. 25 ans plus tard, il décide d'écrire un roman basé sur cette affaire classée en apparence,...

le 31 mai 2015

23 j'aime

5

Tel père, tel fils
Pauline-Sapis
9

Sélection officielle en compétition au festival de Cannes !

Ryoata, un architecte ambitieux et obsédé par la réussite professionnelle, forme avec sa jeune épouse et leur fils de 6 ans une famille idéale. Soudainement, une nouvelle surgit. La maternité de...

le 31 mai 2015

21 j'aime

4