Ce thriller qui marquait le retour au cinéma de Michaël Douglas après trois ans d’absence est plutôt méconnu. Ayant obtenu un succès très modeste en salles à sa sortie, il n’a pas non plus été très plébiscité à la télévision. Sorti au début des années 80, le film est donc quasiment oublié aujourd’hui. C’est dommage et plutôt injuste car c’est un bon thriller. Une nouvelle fois, l’Amérique interroge son rapport à la loi et à la justice, comme elle n’a cessé de le faire à travers ses westerns, ses polars des années 70 et ses films de « vigilante ». Ici, ce sont des juges qui ont la conscience qui déraille. Garants d’un système judiciaire qui s’appuie sur de très nombreuses procédures, ils voient défiler devant leur tribunal des coupables évidents qu’ils sont obligés de libérer.


Le jeune juge idéaliste qu’incarne Michaël Douglas n’en dort plus la nuit. C’est alors que son mentor (Hal Holbrook, décidément toujours dans les parages quand il s’agit de créer une milice parallèle puisqu’il était déjà à l’œuvre dans Magnum Force) lui propose de rejoindre un tribunal clandestin qui décide de vie ou de mort sur certains prévenus passés au travers des mailles. L’idée, si elle manque totalement de crédibilité, permet cependant d’interroger la justice et les hommes qui sont sensés la rendre. Les points de vue sont multiples et empêchent tout manichéisme idiot. La présence de différents policiers aux méthodes nombreuses apporte une vraie plus-value à la réflexion même si on aurait apprécié une enquête plus approfondie et palpitante. Et le spectateur qui suit ce jeune juge, puis ces juges, puis ces policiers, au travers d’une enquête qui connait quelques rebondissements finit sans certitude, sinon que la justice ne peut être que défaillante d’une façon ou d’une autre.

Si on peut regretter que le scénario tourne parfois en rond au lieu d’exploiter d’autres pistes à portée de main, le récit est plutôt bien conduit. Il prend son temps dans toute la première partie mais suscite la réflexion. À ce titre, ce thriller n’est jamais ni ultra tendu ni haletant. Il faut ainsi attendre la dernière séquence pour voir un peu d’action mais aussi un brin de suspense, dans un final parfaitement bien conduit. Un ton et un rythme que certains jugeront peut-être un peu languissant alors que celui-ci sert, à mon sens, plutôt le récit. Un film intelligent, mais qui ressemble peut-être trop au cinéma des années 70 pour avoir réussi à trouver son public en 1983. Dommage, mais il mérite d’être revu avec un autre œil aujourd’hui.


Play-It-Again-Seb
7

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Liste et classement des films que j'ai vus (ou revus) en 2022

Créée

le 13 déc. 2022

Critique lue 81 fois

9 j'aime

5 commentaires

PIAS

Écrit par

Critique lue 81 fois

9
5

D'autres avis sur La Nuit des juges

La Nuit des juges
Ugly
7

Un polar démagogique

La Nuit des juges pose clairement le problème du pointillisme excessif de la loi américaine et des vices de forme qui minent les rouages de sa justice en relâchant des criminels évidents ayant...

Par

le 4 nov. 2016

10 j'aime

3

La Nuit des juges
Play-It-Again-Seb
7

Les nuits blanches du juge

Ce thriller qui marquait le retour au cinéma de Michaël Douglas après trois ans d’absence est plutôt méconnu. Ayant obtenu un succès très modeste en salles à sa sortie, il n’a pas non plus été très...

Par

le 13 déc. 2022

9 j'aime

5

La Nuit des juges
Voracinéphile
8

Requiem pour un fonctionnaire

A l'exception de sa dernière minute qui envoie ses cou*lles en hors-jeu, ce film est un providentiel plaidoyer réactionnaire pour la peine de mort et la notion de corruption d'un idéal. "La justice a...

le 28 juil. 2020

5 j'aime

Du même critique

Astérix et le Griffon - Astérix, tome 39
Play-It-Again-Seb
7

Le retour de la griffe Goscinny-Uderzo

Depuis la reprise de la série par Ferry et Conrad, nos amis gaulois avaient une sacrée gueule de bois. La disparition de René Goscinny avait déjà très sérieusement entamé la qualité des albums même...

Par

le 22 oct. 2021

24 j'aime

23

L'Emmerdeur
Play-It-Again-Seb
9

Pignon, ce roi des emmerdeurs

Premier film mettant en scène François Pignon, L’Emmerdeur est déjà un aboutissement. Parfaitement construit, le scénario est concis, dynamique et toujours capable de créer de nouvelles péripéties...

Par

le 12 août 2022

22 j'aime

10

L'Iris blanc - Astérix, tome 40
Play-It-Again-Seb
4

La philosophie sur le comptoir

Aïe, aïe, aïe... L'arrivée de Fabrice Caro en lieu et place de Jean-Yves Ferri qui venait, à mon sens, de signer son meilleur Astérix dans le texte, était pourtant annoncée comme une bonne nouvelle...

Par

le 14 nov. 2023

21 j'aime

22