Dans la serre, personne ne vous entendra crier

Grosse sensation du dernier Festival de Gérardmer (Prix du jury et du public), le premier long-métrage de Just Philippot devait initialement sortir en novembre dernier. La fermeture des cinémas n'aidant pas, il a finalement été repoussé à début juin.


La nuée se présente comme un équivalent fantastique d'Au nom de la terre (Edouard Bergeon, 2019). Pas d'histoire vraie ici, mais un constat assez similaire de l'agriculteur et / ou éleveur au pied du mur, pensant à un moment avoir trouvé une solution à son problème avant de se casser totalement la figure.


Comme souvent dans le cinéma français actuel, La nuée n'est pas un film d'horreur total et certains lui reprocheront d'être avant tout un film social, voire d'être surtout un drame familial. Il n'en reste pas moins que le portrait de l'héroïne nourrit toute la partie horrifique du film. La mère de famille (Suliane Brahim) voit son monde s'effondrer dans un premier temps, avant que les sauterelles voraces ne deviennent son unique raison de vivre. Une aliénation prenant des proportions spectaculaires, qu'elles soient physiques (le corps devient lieu de mutilations de plus en plus graves) ou psychologiques. L'héroïne reste humaine par moments (notamment lors d'un passage à la plage), mais perd totalement pied dès qu'il est question des sauterelles.


Tout substitut à la faim des bébêtes est le bienvenu, qu'il soit animal ou même humain. Le film peut alors tomber dans le glauque le plus total et Just Philippot joue à la fois de la suggestion et du gore à base de maquillages. Ainsi pour les animaux, il va plutôt miser sur du hors-champ ou non visible, comme cet animal balancé en pleine serre avec les cris qui vont avec. Philippot est peut-être plus direct pour les humains, montrant le résultat loin d'être gentillet et confirmant sans cesse la menace des sauterelles en groupe.


On peut regretter un final n'allant pas plus dans l'apocalypse, mais en l'état La nuée est un film réussi, savant faire peur en temps voulu par des corps déformés ou des attaques brutales. La performance à fleur de peau de Suliane Brahim joue également pas mal dans la balance, bien accompagnée par Marie Narbonne, Raphael Romand et Sofian Khammes.

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le 3 juil. 2021

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