Le jaune pour le vainqueur. Le vert pour le roi du cul-sec.

Alors qu'il traverse une période difficile de sa vie, un homme se remémore son enfance, marquée par un père violent. Mais ici c'est la Belgique, et pas Waco, Texas. Toute comparaison avec The Tree of Life ne serait que pure imagination : pas de voix-off métaphysique, pas de Brad Pitt, pas de scène de création du monde ; plutôt un réalisme social, filmé à hauteur d'hommes et de coupes mullet que Beckenbauer ou Rudi Voller eux mêmes n'eurent reniées.

Fin fond des Flandres, un patelin dont je ne me risquerai même pas à écrire le nom. Le jeune Gunther Strobbe a beau avoir un blaz' de Bavarois de Bavière, il est belge comme une Jupiler. Abandonné par sa mère à sa naissance, il vit chez sa grand-mère, avec son père et ses trois oncles, notables du bistrot du coin.
Devenu adulte, il doit faire face à l'échec de sa carrière d'écrivain et la grossesse non-désirée de sa copine, qu'il n'arrive pas à larguer. Gentleman.

Troisième film d'un réalisateur que je n'avais pas la joie de connaître, Felix Van Groenigen, La Merditude des Choses est une super surprise. Sous couvert d'un titre qui laissait présager pire que Dikkenek, De Groningue teinte sa chronique du prolétariat de petites touches de lyrisme, aussi rares qu'émouvantes. Des bribes de musique classique, un rayon de soleil qui colore fugacement un quotidien bien sombre, une petite cousine au minois enchanteur. Le personnage principal s'aperçoit bien vite que dans cette vie, "les belles choses finissent toujours pas se casser". Il a bien raison.

S'extirpant, au gré d'une péripétie d'une scénario que je ne spoilerai pas, cette fois, de son milieu familial, il se lance dans une carrière d'écrivain sans réussite et dans une vie amoureuse sans passion.
Le film, servi par un rythme admirable, des acteurs convaincants et cet onirisme sous-jacent susmentionné, représente au final une jolie plongée au plus bas de l'échelle sociale, mais aussi dans les liens viciés et indémêlables qui unissent un homme à sa famille, passée ou future, et la charge de culpabilité que représente un départ.

Une belle œuvre sur un mec qui s'extrait du ghetto, comme 50 Cent, et qui a fourré sa bite où il fallait pas, comme DSK. Une connexion pareille, ça mérite bien 7.
lucasstagnette
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le 31 mai 2011

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Lucas Stagnette

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