Dire qu'une émission de radio trouvait les routiers sympas !

Dire qu'une émission de radio animée jadis par Max Meynier trouvait les routiers sympas !

Une baignoire qui déborde abondamment : c'est la goutte d'eau savonneuse qui fait déborder le vase de Soissons à Bordeaux... Ainsi commence ce film avec la visite d'une salle de bains...

L'amant (Montand) d'une riche héritière châtelaine (Dubois) à la tête (et héritière) d'une florissante flotte de camions de transports, a décidé de la plaquer au profit d'une jeunette, et de recommencer sa vie à zéro : il l'a d'ailleurs mise enceinte... La maîtresse trompée n'entend pas se laisser plaquer : elle propose vainement beaucoup d'argent à sa concurrente pour qu'elle rompe, se bat même avec elle du haut d'une citadelle... et finit par s'y suicider de dépit... Quand une femme se donne à un homme, elle le considère ensuite comme faisant partie de son patrimoine. Mais l'argent ne fait pas le bonheur... surtout quand on en a...

Jusqu'à la fin de cette première partie, l'histoire franco-canadienne -malheureusement écrite à trois mains- (Daniel Boulanger, Alain Corneau et Claude Hopkins) "tenait alors la route" -c'est voulu- Encore heureux dans un métier du transport...

D'autant que le réalisateur, pour le troisième de ses seize films réalisés de 1974 à 2010, manipulait jusqu'alors à merveille le rythme de cette aventure. Les plans sont nombreux, très brefs, les actions s'enchaînent, pullulent, et Montand (impérial) ne tient pas en place : il faut s'accrocher au volant et c'est haletant. Quel rythme...

Le suspense d'ambiance est très bien rendu et on se demande comment tout ça va finir avec au passage une pub éhontée pour Volvo et une Mini devenue plus grosse (et plus chère) que le bœuf de nos jours... Par contre, qu'elles étaient belles les voitures de police noires au lieu d'être bariolées comme les chars de carnaval de nos jours...

L'amant infidèle apprenant le décès de son ex-maîtresse va craindre qu'on ne prenne le suicide pour un assassinat prémédité, et monter derechef une usine à gaz monstrueuse, pour se faire accuser à la place de la nouvelle élue de son cœur. Qu'il va donc un premier temps laisser accuser, charger même et inculper : mieux, il va fuir au Canada et recommencer une vie dans les poids lourds et échafauder une nouvelle usine à gaz pour faire croire à sa mort dans une semi-remorque prenant feu et explosant en tombant dans un ravin...

Seulement voilà, à en croire Corneau (1943-2010) qui n'en est pas à une couleuvre près, les routiers ne sont pas si sympas qu'en France et vont s'ériger en justiciers : tous équipés de battes de base-ball, de fusils et autres couteaux suisses ou gentillesses d'accueil. Ils vont d'abord coincer le fuyard à l'aide de leurs gros-culs... puis finir par écraser sa Coccinelle entre deux de leurs tracteurs... Mais de quoi se mêlent-ils donc ? Tout ça pour le plus grand bonheur et remplissage du compte en banque des cascadeurs de Rémy Julienne...

Si vous ne croyez pas celle-là, une fois de plus...

Toutes ces opérations avec la précision diabolique d'une machinerie suisse aussi agaçante qu'un coucou autrichien. Ça aurait pu être passionnant, genre Hitchcock, c'est du niveau barge moyen et

on n'y comprend plus rien ! On s'ennuie...

Corneau aurait-il pris ses spectateurs pour des buses ?

Le casting est tout aussi consternant : seul Montand, qui en a vu d'autres, n'a aucune peine à émerger du lot et porte seul le film sur les épaules...

Le reste est d'une grande pauvreté... A quarante ans, les rôles de femmes ne courent pas les rues : Marie Dubois en tragédienne qui a hérité du rôle de cocue ne convainc pas et joue faux... Médaille en chocolat, le césar de la meilleure actrice dans un second rôle qui lui est attribué, l'est certainement plus pour sa carrière entière (sa maladie ?) que pour cette pantalonnade... La canadienne Carole Laure n'est pas meilleure : il s'agit d'un de ses premiers rôles dans un film français et on ne retiendra de sa prestation qu'elle a de fort beaux seins en n'hésite pas à les montrer... Pas tellement nécessaire dans ce film alambiqué, manquant de modestie et fait devenu banal : à l'époque, l'audace était bien pire. Rien ne nous étant épargné, on doit subir en enquêteur la bien piètre prestation d'un Balmer plus proche d'un benêt du village que de Sherlock Holmes, dans le rôle d'un flic génial tombant dans tous les pièges dont Montand parsème son forfait ! Laissant même ses empreintes digitales partout : pitoyable ou ridicule ?²

Le mot fin s'écrit sur l'image du dessous d'un "Concorde" au décollage avec dedans, le gamin et la maîtresse de l'amant, écrasé entre deux poids lourds comme dans les machoires d'un étau...

Ils verront Melbourne sans lui...

Le plus bel avion du monde s'est depuis transformé en cercueil ailé... Tristes fins...

Et pourtant, la magie Montand a encore opéré : si mon agrégateur de FAI donne un trois sur cinq à cette farce criminelle, le public lui s'était rué nombreux en salles françaises : 1 346 966 spectateurs et une dix-neuvième place au box-office... En 1977, 136 films étaient sortis malgré une fréquentation en baisse... Les amateurs avaient plébiscité les films d'animation comme "Bernard et Bianca", trônant en tête du podium... Dernier dessin animé des studios Disney que j'ai totalement oublié, à l'inverse d'un Bambi si attachant ....

Les shadocks conclueraient avec la vois de Claude Piéplu "C'est tout pour aujourd'hui ! A moins que vous ne me racontiez des anecdotes destinées à émailler ce film et qui seront les bienvenus...

TV5 Monde le 11.12.2023-

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le 10 déc. 2023

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