C'est un belle histoire touchante sur les thèmes de la transmission et de l'échappée artistique que nous propose ici Rachid Hami. Le défi est de taille car embarquer une classe de sixième turbulente jusqu'à la Philharmonie de Paris, en apprenant l'un des instruments de musique les plus difficiles en un an, avec Kad Merad en professeur, il y a de quoi laisser sortir un petit rire nerveux, non ? Les doutes laissent rapidement place à une immersion totale dans cet objectif pédagogique presque impensable. Issus des quartiers populaires, les élèves se moquent tandis que le professeur de violon perd patience. Le professeur principal, joué par Samir Guesmi, très discret mais convaincant, maintient l'ordre et le respect tout en les accompagnant jusqu'au concert de fin d'année. Je m'attendais vraiment à voir un trucage sur le fait que Kad Merad joue parfaitement du violon mais force est de constater qu'il s'est totalement investi dans cet apprentissage et on croit vraiment qu'il en joue depuis des années. De plus, le crâne et la barbe rasés le mettent à nu pour composer un rôle silencieux, introverti et lent dans sa gestuelle, très loin de ses rôles habituels qui prêtent aux rires. Les enfants, quant à eux, sont très touchants, simples et émouvants, et ce, même si certaines scènes sont un peu trop larmoyantes à mon gout. De cette pédagogie parallèle et singulière se dégage une lueur d'espoir. La jeunesse et l'art de la musique tissent un lien solide et important mais aussi le désir et le plaisir de transmission ressenti par le personnage de Kad qui en devient presque vital. Il y a aussi le thème du vivre-ensemble, loin des cloisons sur les différentes cultures et les origines, qui est abordé par le biais des parents qui font tout pour que leurs enfants continuent leur apprentissage. La mise en scène, quant à elle, est simple et rappelle l'oeil presque documentaire de L'esquive et de Entre les murs. Les plans sur le toit d'immeuble sont nombreux et magiques de par l'association du violon, sans oublier le sublime panorama parisien... Au final, il y a quelque chose de très simple et banal dans cette histoire mais la sonorité des violons face à cette jeunesse désorientée rend l'ensemble extraordinaire, voire magique. Une belle leçon, un beau regard sur notre capacité à créer de l'espoir et une raison d'être..

alsacienparisien
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le 10 nov. 2017

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