La Marche de l'Empereur par Gérard Rocher La Fête de l'Art

C'est au début du vingtième siècle que l'homme découvrit cette nature hostile, souvent déchaînée et rarement sereine de l'Antarctique. C'est dans cet endroit que viennent se reproduire les manchots empereurs. Oiseaux, presque dauphins, ils jaillissent de l'eau de l'océan telle une torpille avant d'atterrir lourdement sur la glace. Rampant ou marchant en se dandinant d'une façon pataude, ils se réunissent avant de regagner en une longue cohorte le lieu de reproduction. La marche sera longue avant de trouver la promise qui consentira à prendre un compagnon pour assurer la descendance de l'espèce. Il faudra lutter contre le froid, la faim, les prédateurs. Il faudra des séparations et des souffrances avant que l'oisillon puisse pointer le bout de son bec et les épreuves seront loin d'être terminées malgré l'arrivée des beaux jours...

C'est à une véritable épopée que nous convie Luc Jacquet. Il nous emmène à la découverte de ces manchots que nous ne connaissions qu'au travers de documentaires très académiques et qui ne se contentaient que d'observer ces oiseaux de manière très superficielle. Le mérite de ce film est de nous faire découvrir la vie pénible et périlleuse, les habitudes insolites et même les sentiments profonds qu'éprouvent ces manchots empereurs. En fait, ils sont assez proches de nous à beaucoup d'égards, notamment dans leurs scènes de joie ou leurs plaintes de tristesse à la mort d'un petit. Eux aussi s'organisent pour s'abriter du froid et des dangers dont ils ne sont pas exempts. Enfin comme nous dans la détresse, ils peuvent avoir des moments d'égarement dû au désespoir, la nature est ainsi faite, et de plus la sélection naturelle rappelle tout ce petit monde à l'ordre. Comme l'homme, les plus forts se sortiront des pièges permanents auxquels ils sont exposés.

Les paysages sont d'une infinie splendeur malgré l'hostilité des lieux et l'on ne peut que féliciter le metteur en scène et ses techniciens pour ce qu'ils ont dû endurer pour nous offrir, malgré les terribles caprices de la météo, un résultat aussi probant. Soixante kilos de caméras et matériel ont été déplacés avec une luge tirée par les hommes dans un mètre de poudreuse afin d'obtenir ce merveilleux résultat. Ce côté du film est parfaitement réussi. Par contre ce qui l'est beaucoup moins, malgré les talents de Romane bohringer, Charles Berling et Jules Sitruk, c'est ce dialogue bêtifiant et convenu que le réalisateur a cru bon d adapter en faisant notamment parler un couple de manchots et leur petit. Pourquoi ne pas laisser tout simplement s'exprimer la nature afin de nous plonger dans un bain de rêverie en observant cette magie, plutôt que de nous infliger ces textes qui semblent vouloir faire de cette réalisation un film pour enfants de cinq ans. Pourquoi également nous agresser l'oreille avec cette musique d'Emilie Simon pompeuse et sans originalité alors qu'avec l'électronique et la percussion il est maintenant possible de réaliser une bande originale collant au plus près à ce genre de sujet.

Ce film est beau, très beau, intéressant et curieux, il nous fait vivre des instants assez inoubliables au milieu d'un désert glacé impressionnant, mais le charme est rompu par tout ce bricolage superflu de musique et de texte racoleurs qui gâchent en partie notre plaisir. C'est dommage, l'occasion était si belle!


Ce film a obtenu :

Les Oscars 2006 du : meilleur premier film, meilleure musique, meilleur son, meilleur montage .

Créée

le 16 janv. 2015

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