Lesley Selander est l’un des réalisateurs de westerns les plus prolifiques de la période phare du genre. Beaucoup de ses films, pour ainsi dire bâclés, ont valu à Selander la réputation de cinéaste de deuxième catégorie, les critiques n’épargnant pas son manque d’inspiration. La Loi du scalp (War Paint) échappe quant à lui à ce « jugement des flèches ». Inédit en France, ce film bénéficie non seulement d’un casting de premier choix – Robert Stark et Peter Graves – mais son scénario, ses décors et le traitement des personnages y sont remarquables.


Titres trompeurs


On peut le dire, La Loi du scalp est un drôle de western, ou plutôt un western drôlement foutu. En témoigne cette première scène pré-générique qui plonge d’emblée le spectateur au cœur d’une confrontation à quatre au milieu du désert. Face à face, un couple d’indiens (on l’apprendra plus tard, un vaillant fils d’un chef cheyenne et sa sœur) et deux visages pâles. Une fois la scène terminée, le titre original, War Paint, s’affiche en lettres rouges. En réalité, la suite du film fera très peu de cas de ces peintures de guerre, pas plus que des scalps du titre français. Le scénario, loin des escarmouches classiques entre soldats et groupes d’indiens, va plutôt nous faire vivre les aventures d’une petite unité de dix soldats confrontée aux affres du désert.


Dix hommes en perdition


Le lieutenant Billings (Robert Stack) n’a qu’une obsession : réussir à apporter à temps un traité de paix vital au puissant chef indien Nuage Gris. L’aventure serait moins périlleuse si Billings n’avait pas la mauvaise idée de prendre pour éclaireur Taslik, l’Indien de la scène d’ouverture. Celui-ci ne va pas leur faciliter la tâche. Là où le film est très intéressant, c’est que dans une première partie il s’attache à nous présenter les dix soldats avec leur personnalité propre. Il y a ainsi le lieutenant intransigeant, le coureur de jupons, le type dont la femme vient d’accoucher, etc. Puis, dans une deuxième partie, les relations pourtant respectueuses entre l’officier et ses hommes vont se dégrader. Une défiance grandissante qui n’est pas sans rappeler celle à l’œuvre dans Fort Massacre. Un délitement qui va aller se renforçant au fil des épreuves que leur impose la Vallée de la mort.


La Vallée de la soif


De fait, *La Loi du scalp *a été entièrement tourné en décor naturel dans la fameuse Vallée de la mort. Le désert est d’une certaine manière le personnage principal du film, du moins l’antagoniste le plus sévère. L’aridité des lieux, leur caractère labyrinthique et l’épuisement qu’ils provoquent chez les soldats est très bien retranscrit en termes de mise en scène par Selander. Un décor qui offre aussi des scènes inattendues comme ce duel à mains nues sur les flancs poussiéreux d’une montagne ou cette grotte cousue d’or que les soldats troqueraient bien contre un peu d’eau. Autant de scènes qui font de cette Loi du scalp un western très original qu’il ne faut pas manquer.


7.5/10


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Theloma
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le 19 nov. 2022

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