A la fin je crois ne pas en revenir.
Serait-ce un BON film social que je viens de voir ?
La réponse semble bien oui.
A croire que ma ténacité à espérer un bon film social aura porté ses fruits.
Le postulat est simple : dépeindre avec réalisme la condition d'une chômeur longue durée en France aujourd'hui. Projet d'autant plus honorable que le film réussit dans ce qu'il entreprend.
En effet le film glace par son réalisme qui dés les premières images prend le spectateur.
Sa caméra, froide et hésitante, est pourtant juste, équitable et généreuse. Souvent décentrée, proche des corps sans les coller, centrée sur ses personnages.
Sur son personnage.
Car au final c'est bien évidemment Lindon qu'on retient. Pour son courage tout d'abord, celui d'accepter de tels films, entourés de comédiens amateurs. Et pour sa justesse. L'homme quitte sa personne pour incarner littéralement Thierry et vivre son quotidien.
Jamais larmoyant, le film propose de nombreuses scènes excellentes qui dressent un portrait attristant d'un monde du travail déshumanisé, le tout dans un style jamais docu. En effet es plans sont recherchés, et souvent beaux, à l'image de ce long plan séquence brillant mettant en scène un entretien d'embauche par skype interposés.
Loin de nous proposer de la médiocrité, du malheur caricatural à tous les étages comme on peut trop souvent le voir, Stéphane Brizé parsème son récit (dont la narration est parfois déséquilibrée, disons-le) de moments de grâce, d'une simplicité, et de ce fait, d'une beauté rare dans ce genre de films. D'une danse en famille à un pot d'adieu au supermarché, le film ne présente que le commun dans ce qu'il a de fort parfois.
Même s'il penche parfois pour quelques facilités (le fils évidemment handicapé mental du héros, on pouvait pas l'avoir) et quelques redites (les scènes d'interrogatoires, pourtant toutes réussies dans leur genre) le film en revanche ne penche jamais, et ça il faut le souligner, pour un manichéisme total. Tout le monde à des raisons valables, chacun tient à son boulot. Ceux qui font des erreurs doivent les payer. Pas de méchants.
Et même si la fin surprend et déçoit un peu, on garde le souvenir d'un très bon film dont la justesse est trop rare dans le cinéma d'aujourd'hui.

Créée

le 30 mai 2015

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Charles Dubois

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