Au début de l’épisode une voix off se fait entendre, celle de Zatoichi, tandis que les images nous le montrent marchant solitaire à travers champs et sentiers.

Nous autres, les yakuzas, nous errons sur des sentiers obscurs en marge de la société. Les gens nous détestent.

Ces paroles sont suivies par une très belle chanson aux accent mélodiques plaintifs qui exprime parfaitement la condition sociale et psychologique de Zatoichi.

Inutile d’insister, ça ne sert à rien. Tu dis que tu veux quitter le milieu. Mais l’instant d’après, ton sabre fend l’air et l’odeur du sang se répand. La tristesse pèse sur tes épaules.

A lire comme ça et en français ça ne donne pas grand chose, mais à entendre, c’est très beau ! Tandis que cette chanson s’achève, la silhouette de Zatoichi se découpe dans le crépuscule, tandis qu’il dit désabusé : « je ne m’en sortirai jamais ».

Très belle séquence qui n’a d’autre utilité que de nous faire sentir une fois encore le poids de la solitude de ce personnage condamné, malgré lui, à sa condition de Yakuza.

Cette première séquence passée, nous entrons dans l’histoire. Route sanglante est réalisé par Kenji Misumi, le réalisateur du premier épisode de la saga : Le Masseur aveugle. Il semble s’être ensuite spécialisé dans les épisodes au cours desquels Zatoichi se trouve en compagnie d’un enfant. D’abord Voyage meurtrier avec un nourrisson puis Voyage en enfer avec une petite fille. Cette fois-ci Zatoichi se voit confié un petit garçon dont la mère vient de mourir, pour le ramener à son père. Réaction de Zatoichi : « c’est bien ma veine ». L’enfant n’a pas la langue pendue, il aime faire des farces, il est rusé et il a un talent marqué pour le dessin.

Le village où habite le père de l’enfant se trouve être le lieu d’un trafic de dessins érotiques qui sont prohibés par le shogunat mais prisés des grands seigneurs. C’est l’arrière-plan de cette histoire dans laquelle Zatoichi une fois encore peine à accomplir sa mission et donc à rendre l’enfant à son père. Sur son chemin se dresse, entre autres, Akatsuka, un samouraï avec qui il a sympathisé après l’avoir rencontré sur son chemin, mais qui se trouve avoir un but contraire au sien. C’est l’adversaire de la scène finale de bataille incontournable de chaque épisode. Bataille qui ne ressemble pas à celles des épisodes précédents. Car au cours de ce duel de sabres, qui se déroule sous les flocons de neige, Zatoichi et Akatsuka se trouvent l’un et l’autre désarmés : l’un matériellement, l’autre psychologiquement.

Route sanglante est un épisode que j’ai particulièrement apprécié pour sa belle scène d’ouverture ; son contexte social ; la relation de Zatoichi avec l’enfant, relation à la fois rude et tendre à l’image du personnage… Et pour cette relation particulière qui s’établit entre Akatsuka et lui et qui nous surprend par son dénouement.

abscondita
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le 18 juin 2022

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abscondita

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