Retour aux essentiels, version cartoon
On retrouve ici Kenji Misumi, le réalisateur des premiers opus fondateurs de la série. Cette fois, Zatoichi est aux prises avec un shogun un peu particulier : un aveugle, comme lui, et tout aussi amer, la cruauté en plus.
C'est un peu un retour aux essentiels : Misumi sait parfaitement tirer le meilleur du jeu de Katsu. C'est aussi un pro des cadrages efficaces, à base de plans courts au rythme très étudié. Dès le générique, un écran splitté montrant Zatoichi aux prises avec un vilain cabot, on comprend qu'on est revenu dans une stylisation jouissive. De même, les scènes de flashback de Kiyo, le principal sabreur antagoniste, sont très réussies, avec leur montage haché qui ne laisse que deviner le traumatisme du personnage (il a perdu sa femme). Surtout, la photographie privilégie les teintes bleutées ou vert pâle, un peu froide, pour renforcer le côté chaud de la carnation de Zatoichi.
Il y a beaucoup de scènes truculentes, dignes d'être retenues. Mais cette fois l'esthétique lorgne délibérément vers le cartoon, tant les tours de force sont absurdes : tronc coupé net et tombant petit à petit, torrent d'ennemis hérissés de lances, ribambelle de gardes s'écroulant avec un timing parfait, sans compter le piège de la fin (une piscine avec au centre un ilot relié par deux pontons, qu'on retire avant de mettre le feu à l'eau recouverte de pétrole). On est dans le toujours plus, pourquoi pas, tant que ça ne va pas jusqu'aux outrances de Baby Cart 3.
Donc, parmi les scènes à retenir :
- quelques séquences truculentes sur l'errance de Zatoichi (trainant un chariot avec une jeune fille dedans, évitant deux paysans en train de parler).
- Une humiliation de yakuza à coup d'oeuf frais.
- Une scène de tuerie dans un onsen, à coup de seaux en bois et de sabre emprunté.
- Un duel sur un pont court mais sublime.
- Une scène où un jeune pédéraste tente de séduire Zatoichi pour mieux le poignarder.
- Un beau duel final au milieu des pissenlits.
Si les personnages sont surtout des codes, l'ensemble forme un très bon divertissement.