A peine débarqués, Damien Chazelle nous embarque. Première scène, première performance artistique et premier plan-séquence. Cap sur le périph' donc, pour un show endiablé au milieu de voitures et de danseurs survoltés. Ce tour de force installe une ambiance chaleureuse et ensoleillée, invitant les sceptiques et les non-initiés à entrer dans une danse de 2h.


Le reste n'est que couleurs chatoyantes, partitions virevoltantes, dialogues soignés, acteurs confirmés.


Toute l'histoire se déroule dans une L.A. revisitée, recalibrée dans les moindres détails. Même les objets les plus anodins au coin de la rue (les poubelles d'un violet pétant...) se morfondent dans les multiples tableaux qui défilent sous nos yeux. Les couleurs sont tape-à-l'oeil, notamment au niveau des costumes, changeant au gré des sentiments, et des saisons. Des saisons qui défilent sans trop que l'on sache réellement à quelle époque se déroule l'histoire. Les smartphones, les costumes d'un ancien temps et les voitures de toutes décennies s'emmêlent dans ce monde intemporel.


L'environnement donne une dimension de rêve au film dont le scénario rappelle sans cesse la difficile réalité de la galère du quotidien à de jeunes personnages en mal de réussite, de gloire, d'american dream en somme.


Pendant que Ryan Gosling se balade sur des airs de Noël, préférant regarder la photo de John Coltrane posée sur une table que les touches de son piano, Emma Stone se fait auditionner sans que personne ne l'écoute. Et pourtant Mia et Sebastian finissent par se rencontrer et voguer ensemble au gré de "je t'aime - moi non plus", de "je t'aime - moi aussi" et de "je t'aime encore - moi aussi".


Mais cette romance musicale ne serait rien sans sa bande originale, indéniable pilier accompagnant avec légèreté des scènes dont elles marquent la cadence. La La Land, chef d'oeuvre du septième art s'il en est, est ponctuée d'apothéoses que sont les différents thèmes qui se succèdent sans jamais se remplacer. Le primé City of Stars, mais aussi Planetarium, le doux thème de Mia et Sebastian ou le funky Start a fire... la liste est longue.


Cette masterpiece se conclue sur une « simple mélodie, nous laissant sur une note amère et nostalgique », plus ambiguë qu'il n'y paraît.


Oeuvre mémorable remémorant aux plus initiés les grandes heures de la comédie musicale par le biais de scènes classiques remises au goût du jour, La La Land a tout pour séduire.


Et on ressort de la salle avec l'envie d'y retourner. Parce que ouais, c'était trop bien.

Naoned
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le 12 mai 2017

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