[Les destins croisés d'un pianiste de jazz et d'une jeune actrice Los Angeles sous fond de comédie musicale.


★★★☆


Vous ne l'avez pas vu et pourtant vous savez déjà ce que vous verrez.


La La Land n'invente rien. À cheval sur les comédies musicale et romantique, le nouveau film de Damien Chazelle réussit le tour de force de ne jamais tomber dans le gnangnan. Évidemment, le spectateur réfractaire à toute forme de romantisme ou de tendresse sur grand écran aura déjà passé son chemin. Pour les autres, le scénario aligne les clichés sans sourciller. Cette double success-story rabâche le thème préféré des films américains : l'incompatibilité entre la vie personnelle et la vie professionnelle, l'opposition entre les rêves et le besoin de gagner sa vie. Propos peu emballant sur le fond mais sublimé par une mise en scène propre et ambitieuse, et un décalage qui tombe toujours à point et qui fait le sel des comédies musicales. Les chansons et les chorégraphies ne sont pas si nombreuses mais la musique, elle, est omniprésente. Du jazz surtout : le film est tout autant une déclaration d'amour à ce genre musical (où, contrairement à Whiplash, il n'est pas associé à la douleur) qu'au cinéma de l'âge d'or hollywoodien. Et pourtant, malgré des hommages appuyés et nombreux, la réalisation de Chazelle reste inspirée et fait preuve de finesse. Les ellipses temporelles, à ce titre, sont remarquables. Alors on trouvera parfois le temps long, essentiellement dans la deuxième partie, mais le propos est juste, l'humour bien présent et la musique rattrape toujours le spectateur pour le faire battre du pied.


La La Land repose en grande partie sur la performance de ses deux comédiens principaux. Emma Stone est solaire et fragile à la fois. Ryan Gosling prouve encore qu'il possède une palette bien plus large que sa belle gueule d'ange laisse croire. Ainsi, l'émotion suscitée est réelle à de nombreuses reprises : les mains qui se touchent pendant une séance de cinéma, les doutes qu'on ne partage pas toujours, les séquences où l'on plonge de plain pied dans l'onirisme jusqu'à une fin bouleversante, faux happy-end modèle du genre.


Rien de nouveau sous le soleil de Los Angeles, donc, mais un immense plaisir communicatif et bien plus étonnant qu'il n'y parait tant il tape en permanence dans le mille. Un grand film !



  • Si vous avez manqué le début


Bouchon sur l'autoroute. Travelling latéral où l'on passe de voiture en voiture au rythme des différents types de musique écoutés par les automobilistes. Quatre minutes plus tard, au terme d'un plan-séquence rondement mené, tout le monde est en train de danser et chanter sur le toit de sa bagnole. Normal.

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le 26 janv. 2017

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Kohohohala

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