La posture victimaire et les clichés sociaux inhérents au film de banlieue en moins, “La Gravité” de Cédric Ido peut faire évoluer sa meute de jeunes lascars de la cité en survêtement - surnommés “Les Ronins” - dans une atmosphère étrange sous fond d’alignement de planètes et de ciel rougeâtre pesant au-dessus des têtes comme une sorte d'Armageddon. Les Ronins voient en ces manifestations célestes, la fin de règne des grands frères du quartier représentés entre autres par Christophe (Jean-Baptiste Anoumon), un taulard fraîchement libéré de prison et Joshua (Steve Tiencheu), un dealer sur fauteuil roulant depuis une chute lorsqu’il était un gamin. Le business de Joshua ne peut se faire qu’avec l’aide de son frère valide Daniel (Max Gomis). Daniel, coureur de fond de haut niveau que l’on nous présente sur une piste d’athlétisme, essaye tant bien que mal de s’émanciper de sa condition, mais il doit aider son frère. Encore une journée et il quittera le pays pour le Canada avec sa compagne Sabrina (Hafsia Herzi) et la fille de celle-ci, pour une nouvelle vie loin des tours et du béton. Mais pour l’heure, les Ronins se font de plus en plus présents dans la zone. A la manière d’un bataillon de Bikers - enfourchant motos et scooters - les jeunes s’organisent autour d’un certain Tino (Bilel Chegrani), semblant être leur leader. Le long-métrage se fait mystérieux au fur et à mesure de flash infos capitalisants sur ce ciel magnifique et menaçant à la fois. Le ton monte entre Joshua, Christophe, Daniel et la jeune génération par l’entremise de Jovic (Olivier Rosemberg), un paumé jouant double-jeu. La confrontation sera inévitable dans une dernière partie surprenante qui fait de “La Gravité”, une œuvre à part, oscillant entre le film catastrophe - sur lequel pèse une atmosphère de fin du monde - le film d’art martiaux, le drame social, le comic book, et le polar urbain. Un drôle de mélange qui est aussi audacieux qu’imparfait !

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le 18 déc. 2023

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