Et pourtant, j'arrivais sceptique, pensant que ce film de plus de 50 ans aurait forcément mal vieilli, avec son cadre historique marqué (l'occupation pendant la Seconde guerre mondiale), ses grosses ficelles, ses grosses blagues...Mais voilà, tout fonctionne merveilleusement.


Les raisons du succès de cette comédie star du box-office français sont assez simples : la présence de deux monstres du comique hexagonal, Bourvil et De Funès dont la joyeuse complémentarité fait tout le sel du film. Bourvil incarne ce gentil, sensible et maladroit peintre en bâtiment, bonne poire en chef dont va user et abuser un De Funès en très grande forme, tout en gesticulations et grimaces irrésistibles. Les situations cocasses sont les héritières en droite ligne des grands classiques de la farce telle que la pratiquait déjà Molière en son temps : comique de répétition (des objets qui s'ouvrent et se ferment provoquant l'agacement des personnages comme la scène du monte charge), comique de situation (De Funès sur les épaules de son acolyte, personnages cachés dans un placard, quiproquos de l'hôtel et valse des chambres), comique de mots enfin avec des dialogues hilarants qui n'ont pas pris une ride.


Au-delà de ces réussites humoristiques, il y a aussi des éléments auxquels je ne m'attendais pas et qui donnent toute sa vigueur et sa modernité au film : valeur documentaire (bien que parodique) d'un film qui tourne autour d'une période que peu d'entre nous ont connue (et qui a sa sortie en 1966 a dû faire beaucoup de bien à la population, une oeuvre qui traite avec une légèreté et un recul salutaires cette période trouble qui tourne en ridicule l'armée allemande), très beaux décors qui mettent en valeur la province française et ses merveilles (campagne bourguignonne, hospices de Beaune...), mise en scène très efficace et photographie de nuit ravissante qui embellit chaque plan.


On rit de bon coeur aux situations gagesques/farcesques des deux compères qui ont connu ensuite une belle pérennité cinématographiques, en témoigne les duos de Weber. Le potentiel comique du rapprochement de deux personnalités que tout oppose mais qui doivent malgré tout faire équipe est infini et fonctionne toujours aussi bien malgré les années.


Malgré sa longueur (2h), la Grande Vadrouille n'ennuie jamais et déroule ses scènes cultes sous notre regard ravi de renouer avec ces grands classiques de l'humour français qui ne peuvent que parler à notre imaginaire collectif.


La frénésie de l'ensemble, la joie et les outrances qui se dégagent de ce film en font un véritable feel-good movie que les années ne parviennent pas à ternir ni à user.


A voir et à revoir en famille, éternellement - pour s'amuser de ces courses-poursuites loufoques - certes cousues de fil blanc mais absolument réjouissantes (la scène des citrouilles et de Bourvil qui empoigne la tête de De Funès m'a fait hurler de rire - je suis bon public.)


Une Grande vadrouille qui fait Grand Bien.

BrunePlatine
8
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le 17 avr. 2017

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