Une mixture sino-américaine à l'histoire idiote qui se voit comme un plaisir coupable.

Avis sur La Grande Muraille

Avatar Rémy Fiers
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Même si le résultat est loin d’être honteux et qu’on évite le nanar on se demande quand même ce qu’un grand réalisateur comme Zhang Yimou et un acteur de la trempe de Matt Damon sont venus faire dans un projet comme celui-ci. Un blockbuster symptomatique de la mondialisation du cinéma et de la place prépondérante que commence à prendre la Chine sur le terrain international, en tant que marché porteur mais également en tant que producteur sur lequel il faudra compter. « La Grand Muraille » est l’avatar le plus parlant de cette nouvelle donne : une coproduction sino-américaine destinée à plaire aux deux marchés, pour le meilleur mais davantage le pire !

Déjà, pour un film d’une telle ampleur la durée est beaucoup trop courte. A peine une heure et quarante minutes montre en main c’est peu, preuve de sévères coupes au montage. Du coup la psychologie des personnages en pâtit considérablement, la plupart n’étant que des silhouettes fonctionnelles. Le trio principal, plutôt fade, n’est pas des plus creusés avec un Matt Damon pas tout à fait à l’aise ; et on fait fi des polémiques stériles sur la présence d’un acteur blanc dans ce film, ici pleinement justifiée. Alors certes le temps passe vite mais le souffle épique recherché pour ce genre d’histoire n’est guère présent.

Ensuite, il faut avaler l’histoire complètement tarabiscotée que nous ont pondu les scénaristes avec des dragons extraterrestres voulant traverser la Muraille de Chine pour aller dévorer du chinois! Ce genre d’âneries fait passer le film de blockbuster haut de gamme à une grosse série B rutilante à la limite du Z. Si les effets spéciaux sont parfois impeccables, ils ont parfois aussi droit à quelques plans complètement ratés (les plans larges en général). On retrouve la patte de Zhang Yimou dans certaines très belles scènes et on a le droit à notre lot de scènes d’actions délirantes et impressionnantes mais le metteur en scène semble avoir tout de même été broyé par la machine infernale qu’il a entre les mains. Il est cependant toujours aussi à l’aise dans les combats chorégraphiés.

Il y a aussi quelques bonnes idées comme le code couleur des généraux de l’armée et la façon dont elle s’organise mais elles sont malheureusement trop vite laissées de côté pour être totalement satisfaisantes. Et puis les costumes font parfois ressembler les membres de l’armée aux Bioman de la veille série japonaise du même nom. La volonté de fondre deux cultures accouche d’un résultat étrange, dissonant, peu crédible et boursouflé. Les ingrédients sont mal mixés ce qui aboutit à une production batarde mais qui se laisse cependant regarder sans déplaisir. Un plaisir coupable du samedi soir en somme.

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