Premier blockbuster de 2017, The Great Wall est un projet intriguant qui voit une grosse production US être réalisé par un réalisateur chinois à l'identité visuelle folle. Mais plus que cela, c'est en Chine que se déroule le film, avec en grande partie un casting chinois, même si les têtes d'affiches sont occidentales pour attirer le public. Une union improbable entre le cinéma américain et le cinéma chinois pour venir fédérer deux gros marchés cinématographiques. Ce genre de projet un peu fou à souvent tendance à aboutir sur des films malades et qui flop violemment au box office et celui-ci ne semble par déroger à la règle même si la proposition reste intéressante. Au milieu des remakes, suites et franchises dont nous habitue le cinéma à gros budgets, ce film vient faire un peu vent d'originalité de quoi lui apporter un peu d'attention.


On se retrouve donc face à un film chinois mais écrit par des américains, aux nombres de 6 par ailleurs témoignant de phases de réécritures importantes, ce qui fait que The Great Wall tombe dans tout les artifices d'écritures des blockbusters actuels. Les personnages ne sont pas vraiment développés, les relations restent basiques avec même une pseudo romance pas vraiment nécessaire et intéressante ainsi qu'une psychologie simpliste voire franchement incohérente pour la plupart des protagonistes. Le film étant très court, il survole les choses pour faire plus de place aux scènes d'actions qu'au récit, ce qui vaut certains moments assez mal introduits et qui amènent des facilités scénaristiques par paquets de 12. Le comble viendra surtout de la pseudo sous intrigue autour du personnage de Willem Dafoe qui ne sert absolument à rien et offre des passages totalement gratuits. Surtout que cela entraîne aussi le personnage de Pedro Pascal dans ce vide scénaristique alors que le duo qu'il formait avec Matt Damon avant ça, fonctionnait plutôt bien.


On reste donc face à une intrigue prévisible, pas franchement bien écrite et qui prend pas mal de raccourcis idiots pour pouvoir avancer. Le casting fait globalement le job même si les acteurs font le strict minimum. En ça, Matt Damon semble totalement perdu au milieu de tout ça, il assure les scènes d'actions mais ne fait guère plus. Pedro Pascal dans son rôle de sidekick rigolo fera meilleur impression par son énergie et son second degré affiché. Car en dehors de lui et Willem Dafoe tout le monde se prend bien trop au sérieux. Mais les personnages chinois se révèle mieux servis, Jing Tian est celle qui s'en sort le mieux. Elle marque les esprits dans un rôle badass et plutôt attachant faisant d'elle la véritable héroïne du film. Mais là où on n'attend surtout le film, c'est sûr sa mise en scène. Zhang Yimou à déjà prouvé par le passé qu'il était un esthète formidable qui ne craint ni la surenchère ni le kitsch. Il a su offrir de grands films et même si ces dernières années il n'offrait pas ce que son cinéma faisait de mieux, il restait visuellement abouti. Tentant depuis quelques temps à percer dans le cinéma occidental, notamment avec son The Flowers of War où il a confié le leading role à Christian Bale, ici il tente de taper un grand coup pour se faire remarquer. Dans sa surenchère visuelle, le film devient indigeste surtout que la réalisation n'est pas forcément au point avec ses effets spéciaux franchement ratés. De plus il y en a partout, que ce soit les créatures ou les fond verts tout sonne bien trop factice. Après en terme de mise en scène pure, Zhang Yimou n'a rien perdu de sa maîtrise certains plans font preuve d'une audace bienvenue et exaltante. La première scène de bataille contre les créatures arrive à avoir un build up mémorable et quelques fulgurances vraiment dingues. On se trouve face à des scènes d'actions spectaculaires et bien emballées même si elles évoquent par moments des choses déjà vues, on pensera entre autres à Starship Troopers quelques fois. Par contre le final sera un vrai ratage, exécuté bien trop rapidement et sans réels enjeux il tombe dans le mauvais goût et le kitsch avec son orgie mal menée de CGI. Cela dit, The Great Wall prouve que Ramin Djawadi est un des meilleurs compositeurs de sa génération. Ses partitions sont épiques et inspirées.


The Great Wall est un blockbuster globalement indigeste mais relativement divertissant. Il dispose de tout les défauts d'une grosse production actuelle notamment en terme d'écriture générique et du casting désincarné mais il bénéficie de la vision dingue et assez forte d'un esthète qui n'a peur de rien, pas même du ridicule. En ça, le film en devient par moments ludique et véritablement fun. Zhang Yimou prouve que les grandes heures de sa carrière sont derrières lui mais il ne se laisse pas démonter et tire tout ce qu'il peut tirer de ce film, tombant dans la surenchère et le kitsch. Mais le tout dispose d'un certain charme et même si on est loin d'être devant du grand cinéma de divertissement, dans le style blockbuster idiot et foutraque, ça reste une coudée au dessus de ceux que l'on a pu avoir en 2016. Vain mais pas désagréable.

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le 12 janv. 2017

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