La Fille des neiges
7.4
La Fille des neiges

Long-métrage d'animation de Ivan Ivanov-Vano (1952)

Malgré un goût prononcé pour les courts-métrages d'animation russe, étrangement, il ne me semble pas avoir vu, du moins dans mes souvenirs, de long-métrage du pays le plus grand du monde. Il faut dire que dénicher ces films n'est pas toujours chose aisée, j'entends avec sous-titres à l'appui. Car j'ai peur de ne pas maîtriser cette langue aux origines slaves.



"Elle deviendra mélancolique en vivant au milieu de hiboux et des lutins, quelle folie !"



« On perd sont temps en palabres », parlons plutôt de Snegurochka. Adaptation d'opéra aux accents folkloriques. Le titre de ma critique fait référence à l'histoire, plus particulièrement d'un peuple qui vénère le Roi Soleil. Dont la personale principale, donc notre Dame des Neiges, fille du Roi Hivers provoque la colère du Roi Soleil, quand celle-ci choisit de vivre parmi le commun des mortels. Mais surtout étant incapable de comprendre l'amour dit : cœur de glace. Voici de manière schématique l'histoire. Mais le choix du titre porte essentiellement par l'excès de la scène finale qui m'a rappelée la fin de Pinocchio avec le rayonnement de la bonne étoile, mais ici multiplié par 1000. D'ailleurs, les personnages étant tous en robe blanche, les bras dirigés vers cet astre ardent qui rayonne de mille feux, c'est franchement limite..


Notons que cette adaptation est le cinquième film d'animation produit en Union Soviétique. Période ou les conflits culturels et idéologiques sont le nerf de la guerre, d'ailleurs en observant l'histoire du cinéma d'animation de cette époque certain situations illustrent bien cette guerre culturelle. L'exemple, le plus flagrant reste l'adaptation du Livre de la Jungle, en 1967 Disney sort le film éponyme pour les Ricains et l'Ours Russe sort Mowgli. Je doute que ce soit une coïncidence. La guerre froide permet d'offrir au public malgré une propagande excessive ou de simples produits de substitution, des petits bijoux incontournables.


La Demoiselle des Neiges échappe en partie aux pires tics de cette époque et reste très appréciable, sortant de nos esprits le contexte dans lequel prend naissance cette œuvre. En partie, car malheureusement malgré le folklore et le style unique du cinéma russe d'animation (surtout pour la qualité de la majorité des décors), quand on a bien tête ces prédécesseurs et concurrents, fils de l'oncle Sam, certaines réserves ne peuvent être mises à la trappe.


Nous sommes en 1952, les États-Unis par le biais du studio de Walt Disney ont déjà offert au monde de l'animation des bases et innovations solides, en seulement cinq films avec une approche unique de 1937 à 1942 : Blanche Neige, Pinocchio, Fantasia, Dumbo et Bambi (une liste défendant cette idée en construction). En gros, Papa Ours a dix ans de retard... Quand on observe bien ce petit trésor glacer, on retrouve certaines scènes et approche déjà utilisées chez « ces chiens de capitalistes », surtout dans Blanche Neige (scènes et style d'animation) et Bambi (surtout technique).


Si elles avaient été maîtrisées encore, j'aurais omis ces détails, mais la production est inégale. Premier point, comme le premier long-métrage d'animation technicolor, cette adaptation est sublime en ce qui concerne les décors et l'animation des animaux, mais pour ce qui est des personnages réalistes... C'est très maladroit et parfois hideux, voir grossier (expressions et traits choisis). Point très important puisque ce film très théâtral use en majorité de personnages réalistes... Le second point, concerne simplement la technique et l'utilisation de la rotoscopie (dont les inventeurs sont les frères Fleischer - les papas de Koko et Betty). Loin d'être toujours maîtrisée, on regrette l'usage tantôt pur de prises réelles pour les décors et tantôt calqués et peints pour des décors semblables. Le plus dommageable est quand ces soucis donnant à l'image un manque d'harmonie et surtout un décalage qui fausse l'immersion.


Malgré quelques maladresses techniques, cette histoire est très appréciable. Du moins, il faut être adepte du folklore russe, au vu du poids qu'il a dans Snow Maiden cela peut rebuter certains Occidentaux. Sans doute, une adaptation trop proche et calquée sur l'original, qui aurait sans doute gagné d'une petite touche d'ambition. Vous l'aurez compris le véritable atout de l'œuvre des studios Soyuzmultfilm (le Hérisson dans le brouillard) est d'avoir un aperçu de la véritable culture russe. À découvrir ! D'autant plus que la qualité de cet opéra animé est d'une qualité indicible. наслаждаться !

ElDiablo
6
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le 9 mai 2014

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ElDiablo

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