Vous connaissez Bretaigne Windust? Moi non plus, mais c'est bien lui qui figure en tant que réalisateur au générique de ce film généralement attribué à Raoul Walsh. Qui a fait quoi? Finalement ce qui importe c'est la qualité de ce polar très musclé pour l'époque où l'on ne compte pas les morts violentes en tous genres. Walsh aurait tourné surtout les scènes d'action et elle sont particulièrement réussies, notamment lors d'un final époustouflant qui justifie le titre français assez trompeur du film. Car s'il est souvent classé parmi les chefs-d’œuvre du film noir La Femme à abattre est surtout un film d'enquête policière, un "procedural" comme disent les anglophones, développé au pas de charge, sans un seul temps mort. Pas de psychologie à deux balles, pas d'histoire d'amour tordue, pas de pesante fatalité: ici il n'y a que des faits. Ou plutôt des morts, rien que des morts puisque le film raconte les efforts d'un procureur pour démanteler une organisation mafieuse spécialisée dans l'assassinat sur commande. Le scénario en flashbacks, parfois imbriqués les uns dans les autres, est remarquablement construit, sans que l'on perde jamais le fil d'une histoire d'une absolue noirceur où le crime est présenté comme un business ordinaire, miroir d'une société capitaliste fondée sur l'exploitation des plus faibles que soi avec pour seule loi le profit à tout prix.