La Faute à Voltaire par Pascal Mercadier

Abdellatif Kechiche est pour moi l’un des meilleurs réalisateurs français actuels : avec quelle pâleur et quelle bassesse m'apparaissent la plupart des « critiques » le visant ! Hostiles à toutes pensées et fuyant systématiquement toutes réflexions, certaines canailles n’hésitent pas à qualifier ses films de « sexistes » ou de « gauchistes » sans jamais parler, une seule fois, de cinéma (misomusie en mouvement).

Abdellatif Kechiche c’est le naturalisme au cinéma, dans la continuité des plus grands. Ce sont des films magnifiques qu’il nous offre. Il manie avec finesse des thèmes variés, comme la question des classes sociales (dans L'Esquive et La Vie d'Adèle). Mais ses films sont également une ode au vivre ensemble, maghrébins et français vivant ensemble et se mêlant pour composer ce nouveau peuple de France. Un certain optimisme.

De tous ces films, La Faute à Voltaire (2000) est le meilleur que j’ai pu voir : un des meilleurs films que j’ai pu voir tout court. Tout est parfait, tout est magnifique, tout est saisissant. L’histoire d’un immigré qui arrive en France, et qui essaye de s’en sortir : Jallel.

En arrivant en France, il découvre la solidarité des déshérités : les différences ethniques ou autres n’ont pas lieu d'être quand vous êtes en bas de l’échelle… quand la vie ne vous a fait aucun cadeau… à ce moment-là, quelle importance ont ces différences ?

Quand Jallel rencontre, dans la seconde moitié du film, cette sublime et attachante « paumé » qu’est Lucie : une solidarité et une affection s’installe tout naturellement entre eux, pour la simple raison qu’ils sont tous les deux dans le même bateau.

Film emprunt de naturalisme rendant les dialogues si proches de nous (nous avons l’impression d'être avec eux en les écoutant), acteurs attachants (Sami Bouajila, Bruno Lochet, Élodie Bouchez, Aure Atika). Un film tout simplement magnifique.