Le dernier rempart contre la brutalité

Le vénézuélien Gustavo Rondón Córdova jouit déjà d’une certaine notoriété internationale puisqu’il avait été repéré à la Berlinale en 2012 avec son cinquième court métrage, Nostalgia. Avec La Familia, son premier long métrage, le cinéaste évoque la difficulté des relations familiales dans un pays qui se démarque plus que jamais par son taux de criminalité élevé. En s'attachant à représenter une chasse à l’homme du point de vue des proies, il apparaît évident que le quotidien du pays est une épreuve de survie constante tant la violence s’est accaparée des rues et des favelas du pays. Caracas est une capitale qui comporte logiquement une hiérarchie des classes sociales où les plus riches vivent sur le dos des plus pauvres, qui doivent subsister dans un monde sans espoir gangrené par la violence. En l’absence des parents retenus au travail pour tenter de subvenir péniblement à leurs vies, les enfants délaissés s’abandonnent à une fureur banale, ce qui apporte une dimension attraction/répulsion du pays assez intéressante dans son approche. Gustavo Rondón Córdova porte un regard générationnel troublant au travers de l'intimité d'un père et de son fils, l’un tentant de réparer les erreurs de son fils et devenant protecteur malgré lui alors que l’autre par manque d'expérience est propulsé crûment dans l’âge adulte. Au delà d’un échappatoire pour leur survie, cette situation va les amener à se retrouver. C'est dans ce monde où l'héritage familial semble être l'ultime lien relationnel que le père va pleinement jouer son rôle et apprendre à son fils à être débrouillard pour échapper à une vie de malfrat qui ne saurait qu'être tragique. Ce travail sur soi pour les deux hommes sera alors le point de départ pour une nouvelle vie et un nouveau foyer, loin de la cruauté ambiante de leur vie d'autrefois. Autant dans sa mise en scène que dans sa narration, La familia n’entend pas révolutionner le cinéma et se repose sur des facilités scénaristiques préétablies. Mais avec son approche juste et sans esbrouffe de la relation d'un père et de son fils, La familia est un film qui saisit l’essence du climat fiévreux qui règne au Venezuela. Un coup d’essai sans audace mais néanmoins réussi.


Critique à retrouver sur CSM, lors de la projection du film en mai 2017 au Festival de Cannes.

Softon
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le 15 mars 2018

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Kévin List

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