Considéré comme l'un des plus grands films du cinéma Italien, "La Dolce Vita" de "Federico Fellini" a marqué le monde entier pour sa fervente analyse de la désillusion permanente d'un rêveur sensible.
Unique et singulière, l'œuvre de l'auteur de "Huit et Demi" (1963) brise les drastiques codes de narration pour mettre en place une histoire qui s'étend sur toute une jeunesse, toute une période de vie, comblée de rêveries et d'aventures, mais aussi de profondes mélancolies qui ne laisseront pas le spectateur indifférent.
Quelle est Belle la Vie ! Douce, amère, brumeuse, piquante, comme la rose d'un matin de printemps. A travers le crépuscule d'une cité Romaine déambule un idéaliste convaincu incarné par le sublime "Marcello Mastroianni". Tout autour, une représentation grinçante d'un contraste entre une ville mondaine, aristocrate et une modernité symbolisée par les grands immeubles d'un gris austère qui accueillent à bras ouverts la pauvreté.
Et c'est à la cinquantième minute, que se cristallise certainement l'une des scènes les plus formidables de l'histoire du cinéma ; la rencontre iconique du mâle amoureux et de sa divine Muse, "Anita Ekberg", dans la "Fontaine de Trevi", lors d'un inopiné bain de minuit.
La Femme est ici Déesse et l'Homme son éternel admirateur. Des frissons s'invitent jusque dans nos cœurs, forment ces papillons d'amertumes et de bonheur qui façonnent ce drôle de sentiment qu'est le mal amoureux.
Fellini dépeint pendant près de trois heures de longues scènes comparables à des œuvres de "Botticelli". De balades inespérées en voiture, en immersion dans une absurde cacophonie religieuse, de dîners mondains aux débats enflammés, aux soirées interminablement arrosées, le réalisateur Italien n'a de cesse de positionner son protagoniste dans des lieux définissant différents milieux, différentes idéologies et croyances. De l'espoir et du nihilisme, oh ! ça il y en a dans "La Dolce Vita". Tragique et parfois comique, romantique assurément, il est clair qu'un grand moment de cinéma se déroule devant nos yeux de curieux.
Et c'est par le rythme lent de la narration que se glisse la caméra de Fellini, exposant avec réalisme et tangibilité le contexte d'un pays fragile et plein de maux. Marcello, toujours au centre d'une situation, se révèle comme un être perdu dans son inspiration dévastatrice, son sulfureux désir d'idéal amoureux et son inébranlable quête de la Douceur de Vivre.
La conclusion ne fait pas de cadeau. La vie n'est peut être pas si belle que ça finalement. Il se pourrait bien, qu'au cours des âges, on passe notre temps à rêvasser de nos conquêtes futures, de nos ambitions d'humanistes convaincus, de nos incroyables idéaux de vie, mais qu'au terme de cette excursion sur Terre, nous n'obtenions simplement qu'une version cruellement réaliste de ce qui fait l'essence même de nos passions, à l'image de cette brillante séquence de fin, sur une plage italienne, où l'écume du matin annonce encore la mélancolie d'un futur incertain, et, où la douce brise caresse les nuances grisâtres qui apparaissent sur la chevelure d'un Marcello qui commence tout juste à comprendre le sens de sa vie.
Idéaux et désillusions sont au rendez vous dans cette fable pessimiste qui rend heureux.