"La Désenchantée" touche un point sensible de notre rapport au cinéma (celui du voyeur masculin regardant des jeunes femmes, tapi dans le confort de la salle obscure), et décrit le passage de l'adolescence passive à l'âge adulte actif, particulièrement dans le domaine de la sensualité. Tout en se livrant à une description amusée, critique, et même un peu cynique des minauderies de l'adolescence (surtout bourgeoise...), le film fait complètement corps avec son personnage, fait siens les rébellions et les emballements typiques de cet âge d'incertitude et de radicalisme, ce qui le pousse vers la grâce. Et comme Benoît Jacquot fait preuve ici d'une belle élégance dans sa mise en scène, on ne reprochera à son beau film qu'une certaine retenue, qui est peut-être une simple timidité masculine devant la psyché féminine...
[Critique écrite en 1990]