Responsable d’un camp de réfugiés à Catane, Nathalie se prépare à accueillir la visite « surprise » des M&M’s, Angela Merkel et Emmanuel Macron. Une mission complexifiée par le retour inattendu d’Ute, une ancienne amante, et d’Albert, le fils qu’elle a abandonné 9 ans plus tôt.
Lionel Baier a l’art de souffler le froid et le chaud. Après avoir plané à l’est comme un voleur et vogué à l’ouest sur de grandes ondes, il atterrit dans le sud sicilien pour le troisième chapitre de sa tétralogie européenne. Son cinéma réfléchi alterne le grave et le léger, le global et l’intime. C’est une île flottante entre une Méditerranée qui attire, avale et déglutit les désespérés, et cette mère qui rejeta hier l’enfant aujourd’hui en colère. Une observation subtile des dérives d’un monde qui exige pour l’image des baraquements plus sales, des migrants qui n’ont jamais traduit Houellebecq en pulaar et des sorbets sucrés pour oublier les cadavres salés, cachés sous le sable. Marchant sur un fil neutre parfois tendu, le Suisse trouve un équilibre fragile dans cette fantaisie douce-amère qui ose un surréalisme poétique. Ainsi, enferme-t-il un village éteint dans des sarcophages, lance une météorite sur une voiture, détourne un avion à l’aide de petits papiers, et paralyse une planète entière avec un vilain virus.
(7/10)
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