En voilà un travail artistique qui ne cesse d’inspirer au fil des ans. Ce fut d’abord un best-seller d’Alice Walker en forme de roman épistolaire vendu à des millions d’exemplaires dans le monde. Puis un film culte réalisé par Steven Spielberg et constituant sa première œuvre dite sérieuse et lui valant quelques Oscars. Et ensuite un musical à Broadway au succès retentissant. Et enfin l’adaptation de ce dernier en comédie musicale pour le grand écran que voici. « La Couleur pourpre » ne cesse donc d’évoluer en se muant en différentes traductions du matériau d’origine à travers le temps mais il est fort probable que cette version soit moins réussie que le premier film ou même le musical dont il est issu. Positionnée par la Warner comme la traditionnelle comédie musicale américaine de fin d’année, sortant d’ailleurs aux États-Unis le jour de Noël, elle manque de surprise et perd beaucoup de son potentiel émotionnel et dramatique en devenant une comédie musicale si l’on compare au film de Spielberg.


En même temps, les comédies musicales sont un genre vraiment très particulier qui dépendra vraiment des sensibilités de chacun et dont le public américain semble plus friand que le reste du monde (Inde exclue avec les siennes et Bollywood). Rares sont celles qui parviennent à transcender leur statut particulier et plaire au monde entier comme les maîtres-étalon du genre que sont l’indépassable « Chicago » ou « La La Land ». Voir des personnages se mettre à chanter tout d’un coup pour exprimer leurs sentiments est quelque chose qui ne ravit pas tous les spectateurs. Dans « La Couleur pourpre » cela a même pour effet de nous priver la plupart du temps de toute émotion en sortant le spectateur de l’histoire alors que le roman et le film original étaient déchirants. Ici, on n’est pas vraiment touché par le destin de ces femmes et l’enchaînement des péripéties ainsi que les liens les unissant apparaissent particulièrement superficiels. Comme un enchaînement des passages obligés du roman pour véhiculer les moments musicaux.


On trouve même le temp plutôt long sur ces plus de deux heures que dure le film. Le lot de consolation vient de la mise en scène de Blitz Bazawule qui tente probablement de reproduire l’énergie du musical de New York. La photographie est somptueuse restituant parfaitement la moiteur du Vieux Sud et la réalisation est ample, mettant bien en avant les morceaux musicaux qui recèlent pas mal d’idées de mise en scène comme celui où le personnage principal entonne sa chanson miniaturisée sur un vieux tourne-disque devenu géant. Quelques passages chantés et dansés sont tout de même agréables à regarder comme celui dans l’échoppe vers la fin, presque au point de nous faire frémir. Cela dépendra vraiment des goûts musicaux de chacun mais c’est le comble pour une comédie musicale, qu’aucune des chansons ne vienne vraiment nous chercher et qu’aucune ne restera dans nos mémoires en aval de la projection. On préfèrera donc revoir la version culte de Spielberg...


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JorikVesperhaven
5

Créée

le 2 janv. 2024

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Rémy Fiers

Écrit par

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