Cette adaptation made in the 90's de la pièce d'Arthur Miller manque de la profondeur et du rythme propres à l'adaptation de 1957, où l'on voyait Signoret et Montand aux prises avec l'hystérie collective nourrie par une interprétation dangereusement sensuelle de Mylène Demongeot. De quoi se crisper les nerfs.
L'ambivalence du propos de vérité, la montée en puissance du mensonge et le questionnement quant à déterminer une quelconque culpabilité lorsque rien ne peut étayer les faits si ce n'est des propos rapportés, demeurent tout aussi interpellants et sonnent très actuels, en phase avec notre propre époque.
Malgré tout, à choisir, mieux vaut voir la mouture de Raymond Rouleau, qui fait la part belle à la profondeur psychologique, prend le temps de construire le contexte de son intrigue, renforcée par le cisellement du noir et blanc, le tempo des dialogues, et un casting incarné (particulièrement en la personne de Signoret), là où cette version américaine apparaît comme édulcorée, démembrée dans l'enchaînement de ses évènements, ce qui aplatit son climax et rend ses interprétations plutôt poussives, voire ennuyeuses, qu'entraînantes.
Bref, si ce n'est pas un échec, ça ne devient qu'une pâle copie face à son aînée.