Je précise, avant toute chose, que la critique est rédigée un peu tard par rapport au visionnage, s’il y a des erreurs merci de le notifier dans les commentaires.


L’animation et le dessin sont de bonnes factures. Le studio qui réalise l’animation est connu pour sa grande liberté accordée aux animateurs, pour la plupart free-lance, venant de divers studios de productions. On se retrouve donc avec beaucoup de créativité et de fantaisie notamment quand Kikurin met en scène sa mère. Les décors de Japon provincial, très boisés et en bord de mer, m’ont aussi beaucoup plût.

Les plans pointent toujours juste quand il s’agit de montrer les rondeurs de Nikuko et le regard dégoûté de sa fille qui ne peut s’empêcher de l’imaginer dans des situations saugrenus.

Je précise que le film est une adaptation de roman.


L’oeuvre traite de la relation enfant-parent, plus particulièrement, de la honte et des complexes que peuvent ressentir certains enfants face à leurs parents.


Nikuko (la maman) est assez attachante, malgré ses défauts et son air décomplexé, on ressent vraiment l’amour qu’elle porte à sa fille et à ses proches. Elle est aussi montrée de manière très immature tout au long du récit, ce qui empêche tout mauvais sentiments à son égard.

Kikurin (la fille) de son côté m’a un peu surpris par moment, c’est une fille frêle, mal à l’aise et qui a honte de Nikuko. Elle va se lier d’amitié avec un garçon un peu particulier, Ninomiya. Celui-ci aura des tics étranges. A certains moments, je dois l’admettre, je ne savais pas s’il fallait trouver les scènes touchantes, drôles ou malaisantes. Quoi qu’il en soit, les apparitions avec le garçon ne m’ont pas forcément captivé.


Au cours de l’histoire, les « envolés scéniques » absurdes avec Nikuko m’ont laissé quelque peu indifférent. Je ne suis pas le seul d’ailleurs. Cela en fait parfois un peu trop et ça change complètement le ton et la manière d’appréhender certains échanges. Je parle des moments où par exemple Kikurin voit sa mère manger et la qualifie de tous les noms , et juste après on part dans l’imaginaire avec Nikuko qui se transforme en morceau de viande. C’est drôle mais étrange quand même comme traitement des personnages.


Sans vouloir tout décrire, j’aurai tendance à trouver l’histoire et le traitement maladroit.

Premièrement, l’absurde, qui en étant friand, m’a laissé un peu sur le côté ne sachant jamais comment interpréter les scènes globales par rapport aux digressions.

Aussi, on ne sait jamais où l’on va avec le récit : ça divague beaucoup. Alors qu’entre Nikuko et Kikurin, on aurait pu les faire échanger plus intensément. L’oeuvre manque un peu de cohésion.

Le titre est également mal choisi. Il laisse à penser que l’on essaiera de comprendre la psychologie de Nikuko, tandis que l’on est plus centré sur le point de vue de Kikurin.


De plus, j’ai trouvé Kikurin parfois trop injuste avec Nikuko, utilisant des mots très ou trop dur pour qualifier sa mère. Cela est peut-être dû à la traduction, ne connaissant pas le japonais, j’aurai du mal à vous dire si celle-ci a été correctement adaptée. On en vient donc à moins supporter Kikurin alors qu’elle a sûrement ses raisons d’éprouver du mépris.


A la fin, ce qui provoque l’accélération du récit et la révélation du passé de Nikuko, n’est autre que le malaise de Kikurin. Suite à cet événement, cette dernière va en apprendre davantage sur sa mère et comprendre à quelle point elle est méritante. Mise à part le coté un peu expéditif et facile de la manœuvre, je trouve ça assez cocasse de dérouler tout cela sur la base d’une appendicite, ce qui en soit n’est pas si grave. Symboliquement il aurait été plus judicieux de partir des premières règles de Kikurin, symbole de sa prise de maturité, la liant à l’histoire avec sa mère. Surtout que les règles sont abordées par la suite.


Conclusion :


Un film assez atypique et maladroit pour ma part dans le traitement de son sujet, qui se disperse beaucoup. Je dois être un peu trop habitué aux méthodes et à la justesse des Ghiblis, qui sait. Le film pourra peut-être marquer de jeunes esprits, concernés par les problématiques abordées.

Drunken_viewer
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le 16 juil. 2022

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