Une simple apparence de film pour ado en mal de reconnaissance (ne pas lire avant visionnage)

Deux choses m'étonnent : la première, que ce film ait été si bien accueilli et récompensé par la critique (8 nominations, 6 récompenses) ; la seconde, si mal reçu par une grande part du public. J'aurais plutôt imaginé une situation inverse, mais enfin...
Une des critiques qui revient souvent : l'aspect "cliché" du film ; même par les gens qui l'ont apprécié (eh oui, quand un film est tant -et si mal- critiqué, on se sent obligé de s'excuser de l'avoir aimé). Le personnage principal, un "emo" (pour reprendre le terme utilisé dans d'autres critiques) de base : lycéen bourgeois et capricieux qui se sent incompris de tous et s'enfermera dans un monde virtuel avant de se suicider. Oui, on peut s'arrêter à cette vision du film et dire que c'est du gros caca en boîte et que nous, on est/a été des adolescents bien moins débiles et puérils que lui et que donc, ce film ne vaut rien.
Sinon, on peut tenter de comprendre pourquoi avoir voulu faire une telle histoire. Dominik illustre à lui seul le sentiment d'infériorité et de ridicule permanent ressenti à l'adolescence (oui, par beaucoup d'ados, pas par tous). Il se sent incompris et terriblement malheureux alors que tout va parfaitement bien dans sa vie. Il se découvre des penchants homosexuels et là, tout bascule ; il se sent différent du monde entier et d'autant plus incompris. A travers un jeu-vidéo, il rencontre une jeune fille dépressive et suicidaire qui le poussera à s'ostraciser du monde. Là, ce qui aurait pu être une passade, une petit déprime par laquelle tout le monde passe se transforme en une véritable dépression parce que Dominik est conforté dans son mal-être et n'essaie donc plus de s'en sortir ; on lui apprend qu'il peut être une fin en soi. Cette Silwia rêve de mourir simplement parce qu'elle s'ennuie ; la mort lui apparaît comme la sortie de ce monde pour un autre et non pas comme une fin.
Pour autant, le film ne fait pas l'apologie de la mort et du renfermement sur soi comme on pourrait le croire, bien au contraire. Si l'on devait s'apitoyer sur/vouloir suivre le chemin de Dominik, pourquoi avoir choisi un jeune bourgeois capricieux et à la limite de l'insupportable ? Il finit par mourir dans des toilettes publics, complètement bourré, filmé par deux ados, en criant "maman, maman" et en tentant de vomir les médicaments avalés pour se suicider. C'est là l'ironie du film. Dominik est un raté, un suiveur. Son suicide était une seule volonté d'imiter Silwia, un acte désespéré de l'amour insatisfait.
Bien sûr tout n'est pas à prendre au second degré et les adolescents ne sont pas uniquement raillés. Lorsque Silwia affirme "c'est Eux, la Suicide Room", on sent une véritable critique ; la jeune fille affirme qu'ils n'ont pas besoin de faire quoi que ce soit, de se forcer à correspondre à leurs critères, rentrer dans leurs moules. Vision de la vie, certes, peu originale mais peut-être parce que peu intégrée.
Film à voir absolument en se détachant de ses a prioris, bien sûr.

EDIT : Après un second visionnage (accompagnée, ça modifie peut-être mon avis), je ne retrouve rien des éléments de ma pseudo-analyse. Juste l'impression d'un film bien trop sérieux sur un sujet bien trop ridicule. Je ne sais pas à quelle impression me fier. J'ajouterai seulement que ce film est bien trop long (1h50 et on a pourtant bien le temps de s'ennuyer) ; des scènes qui tentent de justifier le pourquoi du comment et pourtant, on ne voit que des bouts de trucs sans aucun rapport les uns avec les autres. Tous les personnages vivent dans leur sphère, aucun lien ne semble les lier (si ce n'est l'appellation "papa", "maman", "chéri/e"). Alors c'est peut-être voulu, je ne sais plus maintenant. J'abaisse ma note de 8 à 6 sans même savoir si ce film mérite une telle note.
Nagelchrowd
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le 28 avr. 2013

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le 1 juin 2013

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Nagel Chrowd

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