Tourné en 2009 avant de prendre la poussière sur les étagères de la MGM pour cause de gros ennuis financiers, "La cabane dans les bois" nous parvient enfin, racheté par la société Lionsgates qui a sûrement du voir le joli coup de pub que leur ferait la sortie du "Avengers" de Joss Whedon, ici co-scénariste et co-réalisateur de la seconde équipe (ça fait beaucoup de "co" pour un seul homme tout ça). Démarrant sur une intrigue qui fait froid dans le dos tant elle ne ferait même pas bander le plus acnéique des puceaux (une bande de jeunes cons s'en va faire la teuf dans une vieille cabane en forêt, super, génial, ouaiiiis), le film de Drew Goddard va rapidement dévoiler une partie de sa réelle identitée, abattant judicieusement une partie de ses cartes au lieu de nous faire le coup du twist foireux, les deux scénaristes ayant bien compris que l'ogre Internet aurait de toute façon dévoilé le pot-au-rose. Conservant tout de même un certain mystère sur le pourquoi du comment, le duo Goddrad / Weddon va ainsi s'amuser avec les clichés du genre tout autant qu'avec les attentes du spectateur, le manipulant avec son consentement tout en lui offrant ce qu'il est venu chercher (en gros des jeunes se faire démastiquer le portrait) mais bien plus encore. "La cabane dans les bois" se révèle une mise en abîme intelligente du genre, bien plus que l'affreux "Scream 4", où les marionnettistes contrôlant ce joyeux bordel peuvent être comparés à des producteurs utilisant sans cesse la même formule pour faire pleuvoir les dollars, le spectateur ayant du coup l'impression étrange (et parfois inconfortable) de participer au spectacle, d'assister à la fabrication d'un film autant que d'une machination infernale. Si le casting est interchangeable malgré le talent des comédiens et si la première partie peut laisser apparaître une certaine frustration (c'est quand même un peu soft tout ça, vu le concept), Whedon et Goddard se rattrapent dans une dernière partie dantesque et absolument jouissive, convoquant un bestiaire magnifique dont je ne dirais absolument rien pour ne pas vous gâcher le plaisir de la découverte. S'achevant sur un final incroyablement pessimiste, "La cabane dans les bois" est une véritable petite merveille, certes bancale et parfois frustrante sur certains aspects mais ô combien généreuse et pertinente, que ce soit dans son rapport au cinéma d'horreur ou dans sa critique d'une société voyeuse et carnassière.

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le 24 sept. 2012

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le 24 sept. 2012

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Gand-Alf

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