Dans un monde mis en scène par l’intelligence artificielle, Gabrielle doit renoncer à ses affects pour espérer un travail plus gratifiant. Ce choix la transporte dans ses vies antérieures où elle fit la connaissance de Louis.
Il y a l’or des salons bourgeois du Paris de 1910, éclat d’une nouvelle de Henry James. Le lien se tisse lors d’une soirée mondaine entre la pianiste mariée et cet Anglais rencontré à Naples six ans plus tôt. Elle lui confia alors sa plus grande angoisse : s’attacher déclencherait une catastrophe, telle une bête terrée dans la jungle prête à dévorer sa proie. L’eau va inonder la capitale et le feu incendier les âmes.
Il y a le bleu froid d’une villa californienne sous l’œil avisé de Lynch et de Wes Craven. Le mannequin esseulé est sous la menace d’un viriliste frustré claironnant ses crimes du futur sur les réseaux. Quand un séisme annonciateur secoue Los Angeles.
Il y a le noir d’un liquide amniotique purifiant l’ADN des sentiments qui consument l’humain. 2044 ou l’année Cronenberg. Enfin réunis, les amants passagers révèlent leur impossibilité d’être ensemble. Chuchotements et cri.
Trois époques chimériques qui s’entremêlent en multipliant les genres et références évocatrices. Drame en costumes, thriller cauchemardesque, et science-fiction créent un labyrinthe mental de la passion dans lequel il faut accepter de se perdre et ne pas tout comprendre. Entre chiffre 4, pigeons voyageurs et vallée des poupées – motifs récurrents –, le temps coule sur l’idée géniale d’une boîte de nuit évoluant au fil des décennies. Si le visage de Léa Seydoux nous transporte dans chacune de ces temporalités, l’accent de son partenaire – le soldat de 1917 George MacKay – sied davantage à son personnage de « killer » qu’au grand romantique qu’il essaie d’incarner. Au final, beaucoup de digressions pour tenter de répondre à cette question : la peur serait-elle plus forte que l’amour ?
(6.5/10)
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