D’entrée de jeux Nicolas Bedos nous plonge dans un premier décor: un diner mondain d’époque colonialiste qu’il s’amuse, de façon insolente, à interrompre avec un casse où l’un des domestiques clôt le méfait en embrassant de façon provocatrice l’hôte.
Dans la foulée il nous emmène dans les années folles rencontrer Hemmingway, côtoyer des nazis, gifler Hitler et diner à la brasserie Flo.
Tous ses décors et ambiance théâtrale très clairement énoncée dès les premières minutes de La Belle Epoque annoncent la couleur d’un film fort en décors et emprunt d’une nostalgie et mélancolie certaine.
C’est par ce biais d’introduction que l’entreprise FlashBack nous est présentée, une entreprise qui a vocation à faire voyager ses clients dans le temps afin de leur faire revivre des moments dont ils sont nostalgiques.
Une mise en abyme de la représentation dans une représentation d’un autre genre qui de façon implicite, lorsqu’on regarde le film, nous permet d’imaginer le réalisateur endosser plusieurs casquettes: celle du metteur en scène, du réalisateur et du scénariste. Cette pluralité disciplinaire présentée dans la Belle Epoque nous donne le sentiment d’avoir un aperçu réelle et authentique du monde du cinéma et du théâtre où l’on assiste à la conception, la répétition et la représentation du spectacle avec tous les acteurs de ce monde de l’intermittence. Cette présentation nous permet d’ailleurs d’entrevoir et déchiffrer les codes d’un tournage: figurants désabusés, ingénieurs son et lumière dans l’ombre, réalisateur capricieux et acteurs marionnettes dont les histoires personnelles se mêlent à la fiction.
Dans ce film, tous les personnages: de la famille à l’équipe de production en passant par les clients des Voyageurs du Temps sont des personnages bien réac’ et caractérielles aux échanges cinglants mais qui, dans le fond, sont plein de tendresse. On évoque dans ce film, des rapports relationnels compliqués: mis en avant par le biais de l’humour évoquant d’ailleurs des thématiques récurrentes comme les problèmes d’argent, de désir, d’infidélité relationnelle, d’envie d’avoir d’autres envies, la crise de la soixantaine ou l’ennui par example. Les personnages de Marianne, Victor, Margot et Pierre sont des personnages attachants auxquels nous nous identifions bien volontiers car tellement représentatifs de frustration, névroses ou travers que nous ne voulons qu’éviter.
Par ailleurs, ce film pose beaucoup de sujets et fait référence à beaucoup de choses auxquelles je pense qu’on est, ou du moins auxquelles on a tous déjà été, confronté comme: le souvenir, le fantasme, le rêve, la jalousie au sein des relations sentimentales, les concepts de la psychologie freudienne bien trop souvent appliqués à nos vies respectives de façon trop simpliste, les technologies qui font parfois barrages à nos quotidiens et l’évolution de nos caractères dans le temps.
Une beau scénario qui nous fait voyager dans différents univers et nourrit nos imaginaires grâce à un esthétique visuelle riche; non seulement de par la pluralité des décors mis en scène mais aussi de par l’esthétique très prononcé des années 70; qui permet à Nicolas Bedos d’être d’ailleurs récompensé du césar du meilleur scénario.