Celles et ceux qui veulent un film sur la boxe sur lequel on pourrait faire péter les notes triomphantes et motivantes de Gonna Fly Now de Bill Conti, donnant envie de se surpasser, de grimper des escaliers et des sommets, de mettre KO la moindre adversité, de prouver au monde entier que c'est vous le boss ultime du game et pas quelqu'un d'autre, aillent voir ailleurs.


Oui, désolé de niquer l'ambiance, mais si vous voulez avoir des encouragements à utiliser votre pantalon de jogging pour autre chose que d'être plus à l'aise sur votre canapé ou votre lit à enchaîner des vidéos YouTube à la con, ce n'est pas La Beauté du geste qu'il faut visionner.


En effet, on est du début jusqu'à la fin dans une morosité ambiante. Et pourquoi ? Parce que la protagoniste, malentendante, ayant pour ambition de devenir boxeuse professionnelle (le tout s'inspire de la vie d'une certaine Keiko Ogasawara !) n'a pas la capacité à le devenir ? Non, pas du tout. Au contraire, elle a les aptitudes et les compétences pour cela. Non, le problème, c'est qu'elle n'a plus la niaque. Cela ne la branche plus du tout. Si elle se force encore, c'est en bonne partie pour ne pas décevoir son vieil entraîneur, gravement malade, à un orteil de la tombe.


Dans cette atmosphère dégageant de la joie de vivre, on a le droit à un pivot scénaristique solide qu'accompagnent une mise en scène grise et réaliste ainsi qu'un récit volontairement sans étincelles, lors duquel on voit la jeune femme s'entraîner, exercer un job alimentaire dans un hôtel, faire des activités quotidiennes. Il y a très peu de séquences de compétition.


Dans cette optique, réside la grande faiblesse du film, à savoir que même si l'héroïne est, par son handicap, mais aussi peut-être par sa nature profonde, solitaire. Reste que (si j'excepte l'entraîneur cacochyme !) ce n'est pas une raison pour qu'aucun personnage secondaire ne soit un minimum développé. Et je ne parle pas de types que l'on croise une fois de temps en temps, je parle, par exemple, d'un personnage comme le frère de la sportive et, en plus, colocataire (donc, on ne peut arguer une quelconque distance géographique !) qui fait quasi-office de figurant. Et il y en a d'autres, on se demande ce qu'ils foutent ici tellement ça ne ferait pas la moindre différence s'ils n'étaient pas là. Pourtant, laisser peu de place aux compétitions, pour voir les à-cotés, avait de quoi insuffler de temps et de prétextes pour avoir des personnages secondaires creusés.


C'est dommage, car, autrement, la perte de motivation dans une carrière sportive est un sujet peu traité. Et le portrait féminin présenté n'en est que plus intéressant.

Plume231
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le 30 août 2023

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Plume231

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