Fin de la seconde guerre mondiale : les conflits du pacifique font rage. Les campagnes se suivent et se ressemblent sans jamais perdre de leur violence. Après avoir mené pendant un long moment les batailles, le Japon s'affaiblit de plus en plus face à la puissance technologique des Etats-Unis. Et c'est sur l'île d'Okinawa, dernier bastion avant l'île principale de l'archipel, que la bataille décisive aura lieu. Mêlant image d'archive et reconstitution, La bataille d'Okinawa suit les évènements de mars à juin 1945 dans une fresque historique aux allures de grand film patriotique. Le film se concentre plus précisément sur la 32 ème armée qui, privée d'une division entière réquisitionnée par l'état-major, doit faire face à l'ennemi avec le peu de moyen qu'ils ont à leur disposition.

Ainsi Okamoto nous fait part de la lutte acharnée des soldats japonais face à l'ennemi américain dans un style plus que redondant et une forme finalement peu inventive. Les scènes de guerres se succèdent sans que ne soit montré une réelle évolution dans la mise en scène. Les comédiens se font tués un par un dans des combats perdus d'avance afin de justifier un pamphlet humanitaire où tout le monde a plus ou moins sa part de responsabilité. Le montage n'est justifié de ce fait, que par la chronologie sans quoi la plupart des séquences sont très facilement interchangeable. Les chiffres des quelques milliers de morts défilent sous des images d'explosions, massacre de civils ou suicides à répétition pose néanmoins une question essentielle qu'on ne peut qu'applaudir : celle de l'honneur.
Cette notion, parfaitement indissociable de la culture japonaise vient accompagner le soldat qui, sans défense, fait face à cette mort omniprésente. On retrouve d'un côté la masse ennemie. Toujours évoquée jamais montrée, elle prend la forme de machines dévastatrices et s'apparente à ces anciens démons capables de détruire toute forme de vie qui se présente sur son chemin. De l'autre l'Empire, qui de la même façon, empêche n'importe quel personnage de posséder le moindre libre arbitre. Et c'est dans cet immense fatum que se découvre une question des plus tautologique : faut-il mourir au combat ou par le suicide, dans l'humiliation ou l'honneur. Tout en sachant que les deux notions restent ambiguë. Ou est l'honneur ou est l'humiliation ? Le Seppuku (Hara-kiri en français) est-il vraiment plus honorable que le simple rasoir ou que l'ingestion de cyanure ? Le pilote Kamikaze est-il plus fou que le simple soldat qui part tête baissée dans les ligne américaine le sabre à la main ? Okamoto dépose en fin de compte un regard dubitatif sur l'interprétation des traditions de son pays pendant la guerre. La méthode qu'utilisa le gouvernement pour envoyer sa population à corps perdu dans la bataille est en effet discutable.
Mais c'est sur l'image d'un nouveau Japon que se ferme le film d'Okamoto. Une petite fille que nous avons entraperçu plusieurs fois dans les décombres et les ruines d'un pays en déclin marche d'un pas décidé au milieu des cadavres. La tête haute, elle reprend des forces en se désaltérant. Habillée de la manière la plus traditionnelle, elle représente cependant l'avenir du Japon qui saura combiner le passé et l'avenir de la façon la plus juste et innocente pour repartir à zéro.
T-Mac
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le 23 mai 2013

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