Quelque part, je pense que ça doit me plaire de rédiger des chroniques sur des films méconnus de la plupart afin de les faire ressortir un peu de l'anonymat dans lequel ils sont engoncés. Et aujourd'hui, l 'heureux" chanceux sera La 359ème Section que j'ai découvert un peu par hasard au détour d'une liste comme tant d'autres. Film rarissime, c'en est d'autant plus dommage vu toutes ses qualités.


Toutefois, je me permettrai de préciser immédiatement que nous ne tenons pas là un film de guerre au sens traditionnel du terme où explosions pétaradantes, prise de positions stratégiques et mitrailleuses décimant les foules sont rencontrées. En l'état, il y a bien sûr quelques passages d'action mais l'objectif primordial du récit est tout autre. Les plus accros au divertissement risqueront de tirer la moue devant une histoire qu'ils jugeront au mieux apathique et ça serait pourtant bien dommage de s'arrêter à ça car La 359ème Section, plus qu'un simple film de guerre, est avant tout une formidable expérience humaine où 5 filles d'un bataillon exclusivement féminin et bien plus motivé que les hommes alcooliques comme dira notre lieutenant se porteront volontaires pour une mission en apparence anodine. Sauf qu'elles se rendront vite compte qu'elles sont, elles et notre homme, en infériorité numérique. Dès lors, il s'agira de faire preuve de ruse pour tenter de survivre.


Ce que j'ai particulièrement aimé est que le soldat traditionnel n'est pas vu comme chair à canon ou tout simplement une personne comme tant d'autres. Tout ça est le fruit d'une histoire de compromis. Soit on s'engage dans de larges batailles où il est impossible de développer chaque protagoniste ou alors on réduit considérablement la troupe pour creuser la psyché de chacun. Et c'est ce que Stanislav Rostotskiy fera. Cela aura pour conséquence comme je l'ai dit l'absence d'envergure divertissante au profit d'une expérience humaine riche en émotions comme peu l'ont fait et encore moins de nos jours où le divertissement est roi. Dans La 359ème Section, chaque femme aura son importance et sa propre personnalité. Mieux encore, elles sont attachantes et charismatiques et la mort n'aura pour conséquence que de nous déranger, là où dans les gros films, un soldat qui meurt est un soldat qui meurt. Dans La 359ème section, c'est un humain qui meurt.


Le conflit n'est ni romancé ni grandiloquent. Il tape juste mais il est vrai avec une certaine lourdeur et déni de l'histoire. Les nazis n'ont pas eu leur pareil dans les atrocités (qui osera dire le contraire ?) mais cela serait fort malhonnête que de cacher les exactions sanglantes des communistes. Sur ce point, ça m'a déçu mais il n'en occulte pour autant pas toutes les bonnes qualités d'une tragédie anthropologique de premier ordre. La guerre est laide et sans pitié et on ne le dira jamais assez.

MisterLynch
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le 30 avr. 2021

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MisterLynch

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