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La bande annonce, qu'on s'est bien bouffé depuis plusieurs semaines avant chaque séance au cinéma, promettait un récit sombre et profond.
De la profondeur, il y en a. L'histoire est captivante, moyennement bien rythmée, mais elle a le mérite de nous accrocher une nouvelle fois sur la période de la Seconde Guerre Mondiale. C'est dingue, mais on arrive toujours à en tirer des drames, à prouver que tout ce qu'il s'est passé à l'époque a encore des répercussions aujourd'hui. Pas seulement au sein de notre société, mais aussi au sein des individus. Le silence d'Adrien Fabre, père du personnage principal, contient la gravité et l'horreur des camps de concentration nazis. Je n'ai pas été très convaincu par la prestation de Richard Berry, mais il faut avouer que son personnage est bien utilisé par le scénario. Tout comme celui de son fils, joué par Stanley Weber, qui se prend d'emblée sur les épaules le passé caché de sa famille et qui va devoir apprendre à l'assumer. Weber a une sacré gueule, et il joue bien. J'en profite pour parler des comédiens et mentionner le fils Chouraqui, César, qui montre un bon potentiel dramaturgique (c'est parti pour les mots pompeux), ainsi que les vieux du casting qui sont, eux aussi, très convaincants alors qu'ils ont, eux aussi, des rôles très profonds.


Et c'est le moment où je suis désagréable : le fait qu'il y ait des comédiens convaincants tiens du miracle (pompeux, j'avais prévenu). Pourquoi ?


Les dialogues sont parfois atrocement littéraires en plus d'être un peu anachroniques. Ils atteignent leurs apogées durant les nombreux flash-back, où les seconds rôles sont entièrement noyés dans un océan de médiocrité. (certes, là je suis dur, mais j'aime bien cette phrase) C'est pas de leurs fautes, hein, mais je pense que, pour ces séquences, tout le budget est parti dans les costumes et décors - sublimes - plutôt que dans le cachet d'un vrai dialoguiste. César Chouraqui arrive à lui tout seul à tenir la barque. C'est pas chouette, parce que ça m'a un peu sorti du film. Et ça l'est encore moins quand on se rend compte que le casting entier est physiquement crédible. Par exemple, les comédiens qui jouent les rôles de normands ont des gueules de normands (je sais de quoi je parle, ok ? mon taux de cholestérol s'en souvient encore).
Autre défaut du film : la musique. J'avoue qu'entre le dernier X-Men et ce film là, j'en peux plus de la 7ème symphonie de Beethoven. Pire encore, je la trouve mal utilisée. Tu sais, ce genre de moment où la fanfare commence à jouer trop tôt durant le spectacle de la kermesse. C'est le genre d'oeuvre de catalogue qu'on ne peut pas utiliser n'importe comment et Chouraqui nous la balance avec trop d'automatisme. Un peu comme les jolis morceaux pop dont il se sert pour les séquences de joyeusetés et autres road-trips à travers l'Alsace et la Lorraine. On a un bon exemple de mauvais usage de la musique : son film devient un putain de téléfilm pendant quelques minutes. Je ne vais pas au cinoche pour mater France 2...


Autrement la photo est intéressante. Par intéressante j'entends que certains passages (dans le camp de concentration principalement) frôlent l'image de documentaire pour revenir sur une esthétique de cinéma. C'est beau, c'est boche (merci de me poker si je ne l'ai pas retirée de mon brouillon). Mais par intéressante j'entends aussi qu'il y a des passages où je n'aime pas trop la façon dont est traitée l'image. C'est un avis assez personnel, mais quitte à se payer une école de cinéma autant s'en servir pour crâner deux minutes.

ChefCentaure
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le 30 mai 2016

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