Ma critique du film "L'Ombre du vampire"

Une légende raconte que l’acteur Max Schreck, l’interprète du Comte Orlock dans le film "Nosferatu" de Murnau, était en fait un véritable vampire. C’est sur cette idée que le film "L'Ombre du vampire" a été bâti. Un film qui m’a fallu dix ans avant que je me décide enfin à le visionner. Ai-je bien fait?

1922. Le réalisateur Friedrich W. Murnau (John Malkovich) et son équipe sont en train de réaliser le film "Nosferatu". Toute l’équipe se pose comme question, qui va interpréter le rôle du vampire. Le réalisateur déclare que c’est un acteur très spécial du nom de Max Schreck (Willem Dafoe), qui aime s’imprégner de son personnage et qu’il ne veut que tourner ses scènes la nuit. Par contre, ce que le réalisateur ne dit pas, c’est que ce Max Schreck est en réalité un vrai vampire.

Aujourd’hui je me remercie de ne pas avoir vu "L'Ombre du vampire" lors de sa sortie. En effet, il y a dix ans, je n’avais pas encore vu le film "Nosferatu" et je crois que l’impact aurait été moins forte à cet instant de ma vie. Le fait d’avoir vu "Nosferatu" avant de voir "L'Ombre du vampire" rajoute un petit plus durant le visionnement puisqu’elle change notre regard qu’on a du film de 1922. Si vous ne l’avez pas vu, ce n’est pas grave puisque cela ne change rien à l’intrigue du film. "L'Ombre du vampire" se voit d’une brillante réflexivité uchronique sur la production du film de Murnau. C’est dans ce contexte que nous voyons le tournage de "Nosferatu". Si on est un amoureux du cinéma, on peut grandement apprécier cet univers filmique. Le film joue avec la réalité et la fiction. Comment ne pas s’émerveiller devant les dessous des films muets de l’ancien temps. Merhige nous montre la face cachée de cette époque peu connu. On peut donc constater que le réalisateur Friedrich Murnau disait quoi faire aux acteurs pendant qu’il filmait. L’acteur n’avait qu’à faire ce que le réalisateur disait au fur et à mesure qu’il donnait les ordres. C’est le genre de détail qu’on ne pense pas lorsqu’on regarde un film muet mais qui est totalement logique puisqu’il n’y avait pas de son et que le spectateur ne pouvait pas entendre les directive du réalisateur. De plus, on peut voir les différents problèmes techniques qu’a subit le tournage, notamment quand Max Schreck commence à sucer le sang des techniciens.

Ce qui est plaisant dans le film, c’est le mélange de fiction et de réalité. Le scénariste Steven Katz a su très bien doser le mélange pour que l’histoire ne tourne pas au ridicule et se suivre très bien. Le seul hic que je peux trouver c’est que le scénario s’essouffle un peu durant la deuxième moitié du film et on a tendance à perdre notre concentration à cause de cela. Par contre, le dernier acte nous ramène rapidement à la réalité et nous clou sur notre fauteuil jusqu’au début du générique de fin.

John Malkovich interprète avec brio le grand réalisateur Friedrich Murnau. On sent toute la passion qu’il a pour le 7e art. Cette passion est d’autant plus décuplée à la fin alors que Murnau perd totalement le contrôle de son film. Après l’une de ses scènes terminé, Max Schreck cède à la tentation et suce le sang d’une comédienne. L’équipe de Murnau ressorte les accessoires de tournage et se mettent à filmer la scène. C’est alors que ça devient un vrai carnage. Le réalisateur est tellement obnubilé par la situation dramatique dont il est témoin qu’il n’a pas d’autre choix que de continuer à filmer. Malkovich ne fait pas seulement jouer Murnau, il anticipe sa réaction dans une telle circonstance et c’est là qu’on voit son vrai talent d’acteur. Mais le vrai héros du film n’est nul autre que Willem Dafoe. Il est absolument méconnaissable dans le rôle de Max Schreck. Son maquillage est tellement réaliste qu’on a l’impression que c’est le véritable acteur Max Schreck qui est à l’écran. Son interprétation est irréprochable. Dès le premier plan qu’on voit Dafoe sortir de l’ombre, on est littéralement projeté dans les années 20. L’acteur bouge exactement comme le vrai "Nosferatu" de 1922. C’est vraiment troublant comme ressemblance. Dafoe fait même plus peur que l’acteur original. Puisqu’on regarde un film sonore, Max Schreck nous fais rire et même réfléchir sur certains dialogues qu’il entreprend avec les personnages du film. Comme Max Schreck l’aurait fait, Dafoe s’est très bien imprégné de son personnage. On croirait qu’il est un véritable vampire. Son rôle lui d’ailleurs valu une nomination aux Oscars comme meilleur interprète masculin dans un second-rôle, et lui a ouvert la porte pour le rôle du Green Goblin dans le "Spider-man" de Sam Raimi. Pour finir, Cary Elwes apparait dès la deuxième moitié du film en tant que directeur photo. Malgré que son personnage soit secondaire, Elwes se donne vraiment à font. Son personnage est vraiment distrayant et comique.

Ce qui est intéressant avec "L'Ombre du vampire", c’est que le film rend un hommage aux films muets. Nous avons droits de voir certaines scènes de "Nosferatu" avec les nouveaux acteurs du films. Celles-ci sont tournées en noir et blanc et elles sont très intéressantes à regarder avec les commentaires du réalisateur. Il y a aussi des intertextes quand on a un changement important de temps dans le film. Ces derniers sont également en noir et blanc avec une photo qui les accompagne.

La première chose que j’ai eu envie de faire après avoir vu "L'Ombre du vampire", c’était de revoir le grand classique de Murnau de 1922. Je suis certain que je ne regarderai plus "Nosferatu" de la même manière. Ce qui est dommage, c’est que "L'Ombre du vampire" semble être passé inaperçu durant toutes ces années. Si le film ne m’avait pas intéressé il y a dix ans, je crois que je n’en aurai jamais entendu parler aujourd’hui. Pourtant, c’est un film intelligent, original, de grande qualité esthétique avec d’excellents acteurs. Il rend un bel hommage à "Nosferatu", LE classique des films d’horreurs. C’est un film qui a tout pour plaire. Alors pourquoi avoir passé sous-silence? Je ne le sais pas. J’ai juste une chose à conseiller. Achetez-le, louez-le ou volez-le, mais faites quelque chose. "L'Ombre du vampire" mérite d’être vu.