Adapter une BD existe aussi en France et quand ce n’est pas une BD humoristique, ça a le mérite de titiller notre curiosité comme pour L’invitation de Michael Cohen.
Dominique Mermoux et Jim sont les auteurs de cette BD, one-shot à l’ambiance morose. L’invitation raconte comment Léo réussit à duper ses potes en leur demandant de le dépanner quand sa voiture tombe en rade au bord d’une route de campagne. Tout ceci n’était qu’une mise en scène pour savoir qui oserait se déplacer. Raphaël prend la leçon différemment. Il quitte les lieux. De là, un questionnement sur l’amitié se pose pour lui.


C’est Nicolas Bedos qui endosse le rôle du pote qui ose tout, Léo. Michael Cohen joue Raphaël, le mec un peu paumé. Attention, L’Invitation n’est pas encore un film générationnel sur une bande potes qui parlent de la vie, des amours, des emmerdes. L’Invitation est un film sur l’amitié, pas sur les amis. Alors au-revoir les grivoiseries, les blagues de cul, les instants de légèreté. Ici, tout est propice à es questionnements. Et c’est là que le film prend ses forces et ses faiblesses.


Commençons par ce qui fâche. Le film ne produit aucune émotion. Les personnages n’ont rien à se reprocher ou alors très peu et au final, ils son comme nous en un peu plus lisse. On ne les sent pas torturés, perdus? On les sent juste coincés dans une bulle philosophique, un questionnement simple sur l’amitié. Le pointde départ est le geste de Léo. Et jamais Raphaël fera un bilan de sa vie ou alors à un degré tellement minime qu’on ressort du film avec la sensation de n’avoir rien appris sur nous-mêmes ou sur les personnages. Si le personnage de Léo a un semblant de profondeur c’est parce que Nicolas Bedos donne tout son talent d’insolence séduisante. Il est une sorte de modèle de pote parfait, beau, classe, qui base sa vie sur une seule réussite. Mais ce qui agace, c’est une sorte de suffisance du script. Si la BD a cette ambiance faussement intime, le film arrive à créer une bulle mais se regarde souvent. Chaque scène a un goût d’inachevé et chaque scène appelle la suivante sans surprise. Même les scènes de flashbacks sentent bon la mise en scène forcée. Et pour en finir avec l’ambiance, les choix musicaux ne sont pertinents en rien. L’autre petite faiblesse est le choix par Michael Cohen qui réalise aussi le film, d’inscrire son film dans une non temporalité en ajoutant beaucoup de repères temporelles justement. En fait, à mettre ça et là des objets retro et d’autres plus avancés (on passe du téléphone à clapet à un ordinateur réagissant aux mouvements), on fait perdre toute identité au film alors que l’effet inverse était voulu.


Reste que L’Invitation est bien réalisé, les plans et la photographie sont très agréables à l’oeil. Les acteurs se sentent investis (Michael Abiteboul, notre Seth Rogen français, Camille Chamoux, Gustave Kervern) et il reste une belle alchimie entre eux. Dommage que le film se concentre surtout sur les deux personnages. A ce titre, la fin du film perd un peu de son impact, feint l’aspect choral et reste dans les tranchées du film sur un duo. Cohen arrive cependant à offrir de belles scènes à ses acteurs, la note d’intention est tenue. Il aurait été même relativement original de tout miser sur la scène de nuit de début de film et d’étirer le concept. Les dialogues sentent bon le naturel et Léo, personnage qui est sûr de ces paroles, transforme chaque ligne en phrase appuyée.


Loin d ‘être original, L’Invitation gagne des points dans


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le 8 nov. 2016

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