L'amour est-il un crime ?

Le quatrième film en tant que réalisateur de l'acteur Louis Garrel (dont sa performance en Jean-Luc Godard dans "Le Redoutable" de Michel Hazanavicius ne m'a pas laissé indifférent) est un savant et prenant mélange de drame, de comédie et de polar.

Mais il s'agit avant tout d'un film qui traite de l'amour et des frontières de celle-ci avec la justice et la criminalité. Si je devais poser une question qui pourrait résumer l'essence du film, cette dernière serait la suivante : "Enfreindre la loi pour subvenir aux besoins de ceux qu'on aime et qui nous sont chers, est-ce véritablement un crime ?"

Abel Lefranc (Louis Garrel) se méfie de Michel Ferrant (Roschdy Zem), ancien détenu et nouveau mari de sa mère actrice Sylvie (Anouk Grinberg) que celle-ci a rencontré lors des ateliers de théâtre qu'elle anime en prison car il ne s'agit pas de la première fois qu'a lieu pour elle une aventure avec un criminel et que les conséquences sont souvent problématiques.

Lors de ses nombreuses filatures à dessein d'espionner Michel, Abel, qui se fera à chaque fois repérer, va se retrouver malgré lui forcé à participer au prochain coup de son nouveau beau-père. Ce coup a pour objectif de dévaliser un camion rempli de caviar, à l'insu du chauffeur qui sera en train de prendre son sempiternel même repas dans le même restaurant d'autoroute que tous les autres soirs (là on peut parler de névrose obsessionnelle).

L'argent récolté par la revente de marchandise devra servir à financer l'ouverture du magasin de fleurs de Sylvie qui songe à quitter son métier d'actrice.

La meilleure amie d'Abel, Clémence Genièvre (interprétée par la pétillante et loufoque Noémie Merlant dont son rôle dans "Jumbo" de Zoé Wittock, dans lequel elle tombe amoureuse d'une attraction de fête foraine était tout aussi délirant) va également prendre part à ce "petit braquage bienveillant". Et comme d"habitude, rien ne se passera jamais comme prévu.

Durant son grand climax criminel , le long-métrage lorgne parfois au niveau de son ambiance nocturne, du côté d'un Drive de Nicolas Winding Refn (pour son intro) ou d'un Collateral de Michael Mann.

Ce qui fait la force du film, outre le fait qu'il surfe sans cesse de la comédie au drame et du drame à la comédie (comme a pu le faire "Adieu les cons" d'Albert Dupontel) est l'alchimie entre les 4 acteurs principaux et le cynisme qui se dégage de leurs relations conflictuelles face à leurs émotions personnelles et les situations rocambolesques qui se présentent à eux et les dépasse.

Entre un Louis Garrel anxieux et protecteur, une Anouk Grinberg à la recherche d'idéaux et de stabilité, un Roschdy Zem faussement menacant et une Noémie Merlant séductrice et exubérante, le film, malgré un final un peu lourdingue est une véritable pépite.