L'Informateur
6.6
L'Informateur

Film de Johannes Naber (2020)

Un film réussi qui démonte bien les mécanismes de fonctionnement des états [d’après la formule attribuée à Charles de Gaulle (1890-1970), « Les états n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts »] et de leurs services secrets, quitte à s’arranger avec la vérité ; cette dernière est une illusion comme indiqué au cours des premières images. On sait, avec le recul, que l’Irak ne disposait pas d’armes de destruction massive et qu’un mensonge d’état servit de prétexte aux Etats-Unis (sous la présidence de George W. Bush, la vice-présidence de Dick Cheney, avec Colin Powell comme secrétaire d’état qui présenta un dossier à charge à l’O.N.U. contre Saddam Hussein), suivi par le Royaume-Uni (Tony Blair étant premier ministre), pour l’attaquer en 2003. Le film explique bien le rôle joué par l’Allemagne (dirigée par le chancelier Gerhard Schröder) qui n’est pas en reste avec la vérité lui aussi (le titre allemand signifie « nous fabriquons la vérité ». Le film, tiré de faits réels, se déroule sur plusieurs années, de 1997 à 2005. Il débute avec Arndt Wolf (Sebastian Blomberg), expert allemand en armes biochimiques et qui a séjourné en Irak en 1997 pour le compte de l’O.N.U. Il doit vérifier, en 1999, la véracité des dires d’un irakien, Rafid Alwan, ingénieur chimiste (qui aurait travaillé dans une usine produisant du bacille de l’anthrax), demandant en échange de renseignements plus complets un logement et un passeport allemand (obtenu en 2000). La C.I.A. surveille également l’Irakien et lui donne le nom de code de curveball (balle courbe en français, terme désignant au base-ball une balle dont la trajectoire va se modifier à l’approche du batteur). Il s’avère que l’Irakien a menti, ayant tout inventé et qu’il s’est même inspiré d’un rapport d’Arndt Wolf (sic). Par contre, l’Allemagne n’informe pas du mensonge les Etats-Unis et la C.I.A. enlève, début janvier 2003, Rafid et obtient de lui des « aveux ». Le film complète le point de vue américain raconté dans « Fair game » (2010) de Doug Liman, avec Naomi Watts et Sean Penn qui jouent respectivement Valerie Plame et Joseph Wilson, agent de la C.I.A. et diplomate spécialiste de l’Afrique, et qui sont lynchés médiatiquement pour avoir dénoncé le mensonge d’état américain (importation d’uranium du Niger par l’Irak).

bougnat44
8
Écrit par

Créée

le 26 oct. 2022

Critique lue 56 fois

2 j'aime

bougnat44

Écrit par

Critique lue 56 fois

2

D'autres avis sur L'Informateur

L'Informateur
YgorParizel
7

Critique de L'Informateur par Ygor Parizel

Fim d'espionnage allemand de 2020 qui revient sur les coulisses de la Guerre contre le terrorisme, en Irak en particulier menée par les États-Unis en 2003. En fait le scénario s'occupe à montrer,...

le 9 sept. 2023

Du même critique

Le mal n'existe pas
bougnat44
5

Dans les forêts du Japon

Dès les premières images, j’ai senti que le film ne me plairait pas : en hiver, longs plans fixes sur la cime des arbres, sur un bucheron tronçonnant des arbres, fendant les buches à la hache, les...

le 7 déc. 2023

10 j'aime

9

Vivre
bougnat44
9

Un remake réussi

Le scénario a été écrit par Kasuo ISHIGURO, 68 ans, britannique d’origine japonaise et prix Nobel de littérature en 2017. C’est l’adaptation du film « Ikuru » (« Vivre ») (1952) d’Akira Kurosawa...

le 12 déc. 2022

8 j'aime

1

La (Très) Grande Évasion
bougnat44
8

Comment prendre les citoyens pour des jambons

Ce documentaire dénonce le fonctionnement des paradis fiscaux (états ayant une fiscalité très faible, pratiquant le secret bancaire, disposant de nombreux établissements financiers et d’une situation...

le 1 déc. 2022

6 j'aime

2