Florence, fin des années 60. Maison de maître, jardin fleuri et arboré, grands tableaux, dédales de couloirs en marbre, baignoires à pattes de lion, Jaguar rutilante : tout respire l'élégance et la prospérité dans la famille Duncombe, dont le père est consul d'Angleterre.


Pourtant, dès les premières minutes, le regard brillant et grave de ce dernier en dit long sur le drame qu'il traverse. Et que dire de cet instant où il descend de sa voiture au rythme du Concerto pour piano n°23 de Mozart ? A-t-on jamais ressenti musique plus grandiose et déchirante ? Quoi de plus beau, de plus habité que ce morceau là, qui accompagne notre découverte de la tragédie qui frappe la famille : la mère est décédée, et seuls les deux jeunes fils ne le savent pas encore.


L'aîné, Andrea, dont la maturité (et l'excellent jeu, le regard intense) se remarque immédiatement, a d'ailleurs déjà compris que La Mamma ne reviendrait plus, ayant surpris des conversations et vu les fleurs tombées sur l'escalier. Son père le charge donc, sans jamais aucun débordement émotionnel, de cacher la nouvelle à son jeune frère Milo (ndlr : qui ressemble beaucoup à mon Ulysse). Nous suivons donc les deux garçons dans leurs jeux d'enfants, émouvants et gais comme ils peuvent l'être, l'un sachant, l'autre non. Qu'ils sont beaux et comme le cadre qui les entoure est à la fois somptueux et triste ! Comme ce père a de difficulté à ouvrir son coeur, à se confier, à entendre la douleur : l'impression qu'il se jette à corps perdu dans son activité pour tenter de trouver le salut.


M'a dérangée, dès les premières minutes, l'inexpressivité de ce personnage, dont la bouche ne bouge pas en même temps que les mots qui en sortent - j'ai trouvé ça très curieux ! Je me suis demandé s'il ne s'agissait pas d'un acteur anglais qu'on aurait ensuite doublé en italien...


Ensuite, le film tire un peu trop la corde du pathos - surtout vers la fin - et j'ai trouvé ça un tout petit peu excessif, même si poignant et déchirant, forcément.


Le film nous réserve des instants sublimes d'acmé émotionnelle, surtout dans son ultime partie, dans la toute dernière image - qu'accompagne à nouveau les notes de Mozart - qui est pour moi une trouvaille de mise en scène bouleversante.


Beau à en pleurer.

Créée

le 23 août 2016

Critique lue 1.4K fois

16 j'aime

1 commentaire

Critique lue 1.4K fois

16
1

D'autres avis sur L'Incompris

L'Incompris
Thaddeus
10

Le regard de l'enfance

Une accusation pour commencer : Luigi Comencini est un sadique, un tortionnaire, peut-être un agent à la solde des fabricants de mouchoirs et de Kleenex. Il parviendrait à liquéfier le plus sec de...

le 13 mars 2023

40 j'aime

7

L'Incompris
Marraine
10

Un film incompris

A sa sortie en 1968, L'Incompris avait été acerbement fustigé, très mal reçu lors de sa présentation à Cannes où il s'était froidement vu attribuer le qualificatif de "film tire-larmes". Oui,...

le 12 déc. 2015

35 j'aime

6

L'Incompris
Kalian
5

Critique de L'Incompris par Kalian

La chronique familiale des mois suivant le décès de l'épouse du Consul du Royaume-Uni en Italie, centrée particulièrement sur le fils aîné de celui-ci. Ce film possède énormément de qualités. La...

le 15 oct. 2010

23 j'aime

8

Du même critique

Enter the Void
BrunePlatine
9

Ashes to ashes

Voilà un film qui divise, auquel vous avez mis entre 1 et 10. On ne peut pas faire plus extrême ! Rien de plus normal, il constitue une proposition de cinéma très singulière à laquelle on peut...

le 5 déc. 2015

79 j'aime

11

Mad Max - Fury Road
BrunePlatine
10

Hot wheels

Des mois que j'attends ça, que j'attends cette énorme claque dont j'avais pressenti la force dès début mai, dès que j'avais entraperçu un bout du trailer sur Youtube, j'avais bien vu que ce film...

le 17 déc. 2015

77 j'aime

25

Soumission
BrunePlatine
8

Islamophobe ? Vraiment ? L'avez-vous lu ?

A entendre les différentes critiques - de Manuel Valls à Ali Baddou - concernant le dernier Houellebecq, on s'attend à lire un brûlot fasciste, commis à la solde du Front national. Après avoir...

le 23 janv. 2015

70 j'aime

27