Un feel good movie vu en avant-première qui m'a malheureusement laissé trop distant pour réussir à me toucher.


J'ai eu du mal et pourtant ça commençait bien : la musique et la photographie présageaient un film léger et poétique, ne sachant rien dessus avant de le voir, une sorte de voyage initiatique entre 'Walter Mitty' et 'Into the Wild' mais finalement c'était trop empreint de religion pour que je ne me sente pas mis en retrait.


Le protagoniste, Harold Fry, traverse ici toute l'Angleterre du sud au nord à pieds pour sauver une amie mourante, avec ce qu'il n'appelle pas "la foi" au début, ne se disant pas religieux, mais la trouve finalement au bout de son parcours sans jamais vraiment le dire, tous les personnages qu'il rencontre utilisant ce mot.


Et le film devient assez embarrassant de ce point de vue là, rien que le titre traduit en français par "périple" parle de "pilgrimage" en VO, soit de "pèlerinage".


Tout le film utilise une imagerie christique très peu subtile du fameux "périple" d'Harold, une traversée du pays semblable à la traversée du désert du Christ et sa tentation par le diable, sa marche jusqu'à ce que ses pieds en saignent tel le messie, devenant un mendiant vivant simplement de choses essentielles, croisant des personnages emplis de "foi" qui le soutiennent et l'accompagnent tout au long du film, cette "foi" devenant un facteur social et créant une communauté malgré lui, son passage devant une statue à l'allure de crucifix...


Le film est clairement positionné et ça se voit dès sa photographie : des plans emplis de lumière biblique, la lumière de Dieu illuminant le visage de la fille le poussant à faire ce voyage, des God's ray dans le ciel à tout va et même à la fin la présence de Dieu se faisant sentir à travers une lumière diffuse se présentant devant tous les personnages qu'Harold a "sauvé" durant son périple.


Une vision peu terre à terre du monde, ou "espoir" est systématiquement synonyme de "foi" et ça m'exclu un peu du film en tant qu'athée, c'est dommage, mais je me dis que si on fait preuve de suspension consentie de l'incrédulité, ça devient un film de "propagande" comme tant d'autres.


La représentation de 2 personnages toxico qui en font des caisses avec des grosses cernes de crackhead, les mains recroquevillées sur la tête ou passant dans la main dans les cheveux pour bien désigner l'aspect torturé des personnages...c'est lourd, c'est à la limite de faire pire que 'Requiem for a dream' ou 'Trainspotting' et la photographie surexposée des flashbacks sur le fils d'Harold, David (évidemment comme le roi d'Israël ayant vaincu Goliath dans la Bible, sauf que là il échoue à combattre le géant qui s'abat en lui, à savoir sa propre tentation) aide pas du tout à rendre l'ensemble too much.


Je ne retire pas au film sa bienveillance, je ne veux pas être cynique et j'admet tout de même que c'est rempli de positivité et vraiment mignon, Jim Broadbent joue un personnage très attachant, ça manque juste souvent de nuances et de pincettes, une infirmière prononçant à un moment "qu'il faudrait moins de gens sensés et plus de gens qui ont la foi" après avoir affirmé que cette dernière sauve vraiment son amie, mais je pense juste ne pas être le public cible du film pour être légitime de m'exprimer là-dessus, ça plaira aux croyants en tout cas.

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le 15 mai 2023

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