L'Impitoyable
5.9
L'Impitoyable

Film de Lo Wei et Chen Chi-Hwa (1976)

J’ai achevé hier la lecture de l’autobiographie "I am Jackie Chan", et même si je considère avoir déjà vu tous les meilleurs films de la star, lire le mal qu’il dit sur le résultat et/ou les conditions de tournage des productions où sa liberté créatrice était brimée, m’a ironiquement donné davantage envie de tester les films que j’avais jusque-là laissés de côté.
D’après Jackie, Shaolin wooden men est quand même le premier film dans lequel il joue et qu’il chorégraphie où il a enfin pu expérimenter un peu. Il était encore sous contrat pour Lo Wei, mais suite à l’échec de leur première collaboration, La nouvelle fureur de vaincre, le réalisateur a préféré laisser les rennes à un autre, avec qui Jackie s’est davantage entendu.


Si en français le film s’appelle "L’impitoyable", un de ces titres génériques qui font que je confonds tous les Jackie de cette période, en VO le nom "Shaolin wooden men" s’avère plus intrigant, et donne une idée d’une originalité du scénario.
Alors, il est encore question d’une histoire de vengeance puisque la famille du héros a été tuée devant ses yeux quand il était enfant, mais il a rejoint un temple bouddhiste, et il ne peut en sortir qu’une fois être devenu assez fort pour affronter un groupe de mannequins en bois. Enfin, ça c’est ce que j’en sais à partir de ce que j’ai lu, mais dans le film la fonction de cette épreuve n’est jamais explicitée ; le film n’est pas assez explicatif, beaucoup de choses ne sont pas claires, et le fait que le héros soit muet n’aide pas forcément.
Le scénario comporte également quelques trous (Jackie se retrouve enfermé, une ellipse nous fait le retrouver plus tard sans qu’on sache comment il s’en est sorti), et l’histoire est un peu décousue : il y a au début un ivrogne qui se fait passer pour un maître d’arts martiaux, on pense que Jackie va apprendre la technique de l’homme ivre… mais non, le personnage n’a en fait pas de réelle utilité.
Il y a quand même une idée de scénario pas mal, le fait que Jackie aide un type qui se révèle être un criminel, mais sinon il faut aussi faire avec quelques tentatives d’humour gênantes (le type qui fait diversion en s’exclamant qu’il est poursuivi par un maniaque sexuel) et des répliques risibles involontairement, du genre "vous avez tué mon frère sans raison" (d’une voix calme) – "j’ai cru que c’était un moine, il n’avait qu’à pas se raser la tête !".


Elève peu doué au début, Jackie finit quand même par apprendre de différents maîtres qui ont chacun leur technique, ce qui l’aide à venir à bout des hommes en bois. Je m’imaginais des mannequins d’entraînements sur pivot, mais en fait il s’agit plus de robots de bois, animés par des figurants à l’intérieur. Ils sont un peu ridicules, et répètent les mêmes gestes, ce qui fait ressembler cette épreuve supposément mortelle à un jeu de Fort Boyard…
Jackie nous livre quelques acrobaties pas mal, il y a un plan de dingue où il écarte ses omoplates, et 2-3 idées un peu originales dans l’affrontement final (et une idée bien conne, pour la façon dont meurt le méchant : en s’agrippant le cou lui-même par erreur), autrement les combats ne sont pas terribles.
Le film débute par une séquence tout à fait gratuite où Jackie affronte d’autres moines de son école ; on ne sait si c’est un rêve ou quoi, rien ne nous l’indique, mais étant donné que le héros est censé à ce moment-là est mauvais en kung-fu, ça sent la séquence rajoutée en intro pour faire patienter le spectateur. Ainsi dans cette première séquence on a un de ces combats de films d’arts martiaux à l’ancienne où les personnages tiennent tous la pose un instant après chaque coup. J’ai été rassuré quand arrivent les "vrais" affrontements, ça devient un peu plus fluide, mais ça n’est pas encore totalement ça…
De plus certaines techniques apprises par le protagoniste ont un ancrage dans le fantastique, du coup il y a quelques trucages un peu pourris pour qu’il fasse des saltos de 3 mètres ou soit léger comme une plume sur une surface boueuse.
Chi-Hwa Chen étant à cette époque un réalisateur débutant, la mise en scène est aussi pleine de maladresses : des cuts en plein milieu d’un panoramique rapide, des flashbacks immondes avec des gros plans en très courte focale, et des zooms/dézooms successifs lors d’un plan censé être important.


Malgré son pitch intéressant, Shaolin wooden men n’est donc pas très bon, mais je veux bien croire que ce soit un des moins mauvais faits avec Lo Wei. Je verrai probablement par moi-même ce que valent les autres…

Fry3000
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le 23 sept. 2016

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Wykydtron IV

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