Madagascar, années 1970. Le quotidien de familles de militaires français basés sur l’île. Qui a déjà acquis son indépendance depuis quelques années, mais des tensions entre la population et le gouvernement local soutenu par la France vont commencer à peser…
« L’Île Rouge » aborde ainsi un sujet très intéressant, celui du post-colonialisme. Ou comment l’indépendance d’un pays ne change pas grand-chose au quotidien de ses habitants. Les familles françaises vivent en vase clos, méprisent plus ou moins consciemment les locaux, et profitent de l’exotisme. Sans compter la mentalité paternaliste pesante de l’armée de l’époque, qui va jusqu’à s’immiscer au sein des familles.
Avec en prime de beaux décors, une jolie photographie, et quelques bonnes idées de mise en scène (les délires de Fantômette, lue par notre jeune héros), le film avait de quoi briller parmi les films français de 2023.
Cependant je n’ai pas vraiment été convaincu par son écriture. Déjà il n’y a pas réellement d’intrigue, on est plutôt dans une chronique (mais les personnages sont très humains, c’est déjà ça !). Ensuite, le parti pris est de filmer tout à travers les yeux des enfants. On ne verra que ce qu’ils voient, ou ce que les adultes leur racontent. Pourquoi pas, l’approche est sensée, mais c’est souvent un peu frustrant… et lourdingue dans le dernier acte où notre protagoniste espionne sans raison des personnages.
Enfin, le final apparait un peu gros, évoquant directement, très explicitement (et sans enfant témoin !) les idées politiques du film. Dommage, cela tranche avec le reste.
« L’Île Rouge » n’en demeure pas moins un beau film, qui traite d’un sujet tout à fait pertinent.