Premier film du duo le réalisateur Dino Risi / l'acteur Vittorio Gassman, L'homme aux cent visages sorti en Italie en 1960 s'inscrit de prime abord historiquement dans le renouveau de la comédie italienne initié quelques années plus tôt au début de la décennie précédente. De ses débuts de documentariste d'après-Guerre à son passage définitif à la fiction après 1953 et son long métrage Le chemin de l'espérance, Dino Risi se fit remarquer par la série des Pauvres mais beaux ou bien encore par Le signe de Vénus avec Sofia Loren et Vittorio De Sica. En parallèle, son futur partenaire Vittorio Gassman consacrait essentiellement son temps au théâtre, prenant à la légère une carrière cinématographique débutée également après 1945, avant sa rencontre avec Mario Monicelli et le succès du film Le pigeon (1958). Dans le sillage du sarcastique La Grande Guerre signé Monicelli avec de nouveau Gassman, Risi signait avec Le veuf une de ses premières œuvres majeures, avant d'entamer l'année suivante son nouveau projet, Il Mattatore, coécrit avec Ettore Scola et Ruggero Maccari au scénario, et cette fois-ci l'une des figures de la comédie italienne et son futur acteur fétiche, Vittorio Gassman.


Sorti deux années avant le classique Le Fanfaron, L'homme aux cent visages fait figure d'œuvre de transition. Moins mordant et critique que les prochains films de son auteur, ce dernier n'en demeure pas moins une réussite du genre. D'un récit narré sous forme de flash-back, le long métrage évoque par sa construction les films à sketches de l'époque. Sorti trois années avant le satirique Les Monstres, Il Mattatore laisse déjà libre à cours à la truculence et au talent polymorphe de Vittorio Gassma, acteur aux cent visages pour reprendre le titre de la version française. Du piètre comédien de théâtre envoyé en prison à cause d'un escroc malveillant, à l'arnaqueur professionnel qu'il deviendra par la suite, Gerardo joue de ses atouts et de son inventivité pour tromper ses victimes. Le réel pouvant offrir de plus lucratives perspectives que son ancienne vie de saltimbanque sans le sou, l'artiste arnaqueur comprend finalement qu'il a davantage à gagner en obtenant le premier rôle dans la comédie de la vie ordinaire.


Première collaboration entre quatre futurs grands noms du cinéma transalpin, Dino Risi, Ettore Scola, Ruggero Maccari, et Vittorio Gassman, cette relecture du film d'arnaque qui s'inspire ouvertement de la commedia dell'arte (le personnage de Gerardo use de la même ruse que les illustres zannis et valets du théâtre italien disposant d'une panoplie de costumes et autre maquillage) recourt donc à l'humour pour traiter du quotidien et se moquer des travers de l'italien moyen. En attendant des lendemains plus grinçants ou plus noirs dans la filmographie de Dino Risi, L'homme aux cent visages s'inscrit encore dans une démarche purement récréative et légère, reposant autant sur l'abattage brillant de Gassman que sur une histoire jubilatoire, dont la conclusion conforte la véritable nature ludique de l'escroquerie vue par sieur Latini.


Réjouissant.


http://www.therockyhorrorcriticshow.com/2017/06/lhomme-aux-cent-visages-dino-risi-1960.html

Claire-Magenta
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le 2 nov. 2017

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